Les conducteurs de transport en commun, autobus, tramways, autocars mais aussi les chauffeurs de taxi sont particulièrement exposés aux risques professionnels : accidents routiers, troubles dorsolombaires, affections psychosomatiques et cardiovasculaires liées au stress des contraintes de temps, de sécurité et de possibilité d'agression, impact de la pollution environnementale urbaine, en particulier due aux gaz d'échappement. Les conditions de travail (nocturne, week-end et jours fériés, éloignement du domicile…) aggravent les facteurs de risque inhérents à la conduite...
Les conducteurs de transport en commun, autobus, tramways, autocars mais aussi les chauffeurs de taxi sont particulièrement exposés aux risques professionnels : accidents routiers, troubles dorsolombaires, affections psychosomatiques et cardiovasculaires liées au stress des contraintes de temps, de sécurité et de possibilité d'agression, impact de la pollution environnementale urbaine, en particulier due aux gaz d'échappement.
Les conditions de travail (nocturne, week-end et jours fériés, éloignement du domicile…) aggravent les facteurs de risque inhérents à la conduite.
Une amélioration de l'ergonomie du poste de conduite, une bonne organisation des rythmes de travail, des aménagements destinés à réduire les risques d'agression du conducteur, une formation des conducteurs à la position de conduite et à la gestion du stress, des examens médicaux périodiques de dépistage des troubles fréquents, l'attention portée sur l'alimentation, la consommation d'alcool, de psychotropes, sont des mesures de prévention des nombreux facteurs socioprofessionnels incriminés dans l'apparition des accidents du travail et maladies professionnelles des conducteurs de transport en commun.
Les principaux risques professionnels des conducteurs de transport en commun
Il y a plusieurs types de situation professionnelle : salarié d'une entreprise publique ou privée, ou artisan/gérant d'une entreprise individuelle.
Il peut s'agir d'un conducteur de tramway, d'autobus de ramassage scolaire, de transport de personnel d'usines, de transport urbain, sur de petites distances avec des arrêts fréquents, ou de conducteurs d'autocars de transport de touristes, de pèlerins, de voyageurs sur de longue distance (régional, national ou international) avec peu d'arrêts, ou de chauffeur de taxi.
Le conducteur a généralement une double fonction avec les tâches de chauffeur (dont le chargement et déchargement des bagages) et de receveur (délivrance de billets, encaissement des paiements ou vérification des titres de transport).
Tous ces métiers ont des ambiances de travail contraignantes similaires :
- contraintes de la circulation routière,
- contraintes de longue position assise,
- contraintes de port de charges,
- contraintes de relation avec la clientèle, liées à la qualité de service et aux agressions,
- contraintes d'horaires de travail atypiques,
- contraintes de charge mentale, liée au respect des délais, à la responsabilité de la sécurité des passagers,
- contraintes de déplacement, d'éloignement du domicile et d'isolement.
Ces contraintes génèrent des risques physiques et psychologiques : ce sont des métiers à haut niveau d'exigence posturale et de stress avec des pathologies conséquentes, dont des maladies qui touchent particulièrement la profession de conducteur de transport en commun : troubles musculo-squelettiques, cardio-vasculaires, gastro-intestinaux et psychiques.
- Les risques physiques des conducteurs de transport en commun
Les affections de l'appareil locomoteur (troubles musculo-squelettiques), les maladies cardiovasculaires (infarctus…), les affections digestives (gastrites …) sont fréquentes chez les conducteurs de transport en commun et peuvent mener pour certaines d'entre elles à une inaptitude professionnelle.
- Les affections de l'appareil locomoteur
Les dorsalgies, cervicalgies, cruralgies, sciatiques par hernie discale et les douleurs articulaires aux épaules, genoux et chevilles, l'engourdissement des jambes, sont liées à la station assise prolongée, aux vibrations produites par le véhicule tout au long de la durée de conduite. La posture statique et les mauvais réglages du siège ou du positionnement des commandes, du volant ou des pédales, l'insuffisance de suspension du siège ou du véhicule lui-même, l'état du revêtement routier, les ralentisseurs, sont néfastes principalement pour le rachis. Les risques de troubles vertébraux par les vibrations, entrainant des trépidations et des secousses ressenties dans la cabine, sont provoqués par les forces compressives et de cisaillement répétées principalement aux jonctions dorsolombaires et lombo-sacrées, et ce risque est majoré chez les conducteurs qui restent assis pendant longtemps sur leur siège.
Il faut y ajouter les efforts de manipulation des charges, par exemple, le soulèvement des bagages, l'aide aux personnes âgées ou handicapées…
- Les chutes
Les chutes à la descente du bus ou du car sont fréquentes du fait de l'engourdissement des membres inférieurs et/ou d'un encombrement des marches …
- Les accidents de la route
Les causes sont diverses : mauvais état du véhicule, faute de conduite du conducteur ou d'un tiers, mauvais état des routes, météo défavorable (pluie, neige, verglas, vent, brouillard...).
L'accident de la route, avec ses conséquences de blessures voire de décès, a des origines multifactorielles :
- Environnement (connaissance et état des itinéraires, travaux, météo,..)
- Véhicules (adaptés, aménagés, équipés, entretenus, ...)
- Organisation (horaire, préparation de la tournée, ...)
- Conducteur (respect des règles, fatigue, vigilance, capacités à la conduite, résistance à la sollicitation visuelle permanente ...).
Les facteurs qui altèrent la vigilance, en entraînant une diminution des capacités de perception et d'analyse, une augmentation de la somnolence diurne, ceux qui diminuent les capacités de concentration, d'attention sont parmi les plus déterminants.
Les exigences d'efficacité et de ponctualité peuvent interférer avec les contraintes de la circulation routière (embouteillages, Code de la Route..) et générer des situations stressantes causant des accidents.
- Les maladies cardio-vasculaires
Les facteurs de risque cardio-vasculaire sont importants chez les conducteurs : certains sont liés à la sédentarité du poste de travail entrainant souvent un surpoids, d'autres sont liés au stress généré par les conditions de circulation et de sécurité, d'autres au rythme de travail (horaires variables, travail de nuit..) générant une perturbation de l'alimentation.
L'hypertension, l'hyperglycémie, l'hyperlipidémie ont une forte prévalence chez les conducteurs, avec leurs effets sur la plus grande probabilité d'apparitions notamment d'infarctus.
- Les maladies gastro-intestinales
De nombreux troubles digestifs sont causés par les conditions de travail des conducteurs : gastrites, colopathies, dyspepsie, ulcères. La mauvaise hygiène alimentaire crée par les déplacements et par des heures de repas perturbées par des horaires décalés en sont souvent la cause. - Les risques psychologiques des conducteurs de transport en commun
- Les rythmes de vie imposés par le travail du conducteur, le travail de nuit ou le week-end et jours fériés, les longs déplacements hors domicile, la forte amplitude des horaires de travail, génèrent une perturbation de la vie sociale et familiale.
L'isolement psychique ressenti par le conducteur pendant les grands voyages est soumis à une variabilité personnelle importante : l'éloignement peut ainsi entrainer des comportements risqués, non prohibés ou tempérés par le groupe de travail ou la proximité familiale : vitesse excessive, excès alimentaires, consommation d'alcool et de psychotropes, comportements individuels inappropriés…
- La violence externe constitue aussi un risque important et croissant, en particulier pour les conducteurs d'autobus et les chauffeurs de taxi : les services publics, dont les transports, focalisent toute l'insatisfaction et les frustrations sociales dont l'Etat et la société sont rendus responsables.
La violence externe peut prendre plusieurs formes : agressions verbales (menaces orales, insultes …), physiques (coups portés, crachats, blessure par arme…). Les refus de paiement, les rappels à la civilité et à l'ordre… sont des moments de forte contrainte psychologique.
Ces actes de violence entraînent des arrêts de travail pour les coups et blessures, des traumatismes psychologiques qui peuvent mener jusqu'à une dépression lors d'agressions régulières et répétées.
Le risque de violence augmente selon le moment et l'emplacement du lieu de travail (de nuit, proche de quartiers où le risque de violence est élevé, ou éloigné de toute structure urbaine…).
- Le bruit de la circulation urbaine, les chahuts des jeunes passagers représente souvent une gêne pour le bien-être au travail et de plus, compromet la sécurité du conducteur et des voyageurs, car les effets extra-auditifs concernent en particulier le psychisme (concentration, nervosité, agressivité, etc.).
- Toutes les contraintes cumulées de la profession, de circulation routière, de rythme de travail, de violence externe peuvent mener à un état de stress permanent : les troubles engendrés peuvent conduire à des symptômes d'anxiété, des symptômes dépressifs pouvant mener à une dépendance vis à vis de l'alcool ou de tranquillisants, des troubles névrotiques (phobie de la conduite…), des troubles du sommeil. - Les risques chimiques des conducteurs de transport en commun
Les conducteurs, notamment ceux qui travaillent en ville, sont exposés aux fumées d'échappement et autres polluants, avec des risques de toxicité d'autant plus significatifs que la durée d'exposition est longue.
Les gaz d'échappement des moteurs diesel et essence et la pollution atmosphérique urbaine (monoxyde de carbone CO, oxydes d'azote NO et NO2, benzopyrène, …) sont responsables, par inhalation, d'irritations des yeux et de la gorge, de maux de tête, d'atteintes des voies respiratoires et d'allergies (rhinites, asthme).
Les hydrocarbures aromatiques polycycliques HAP, dont le benzène et le benzopyrène, qui sont le résultat de la combustion incomplète des carburants, sont des composés cancérigènes : bien que le taux d'exposition aux gaz d'échappement des conducteurs d'autobus et des chauffeurs de taxi soit inférieur aux normes des valeurs limites d'exposition professionnelle, des risques de cancer du poumon induits ne sont pas à exclure, surtout en cas de tabagisme associé.
Les mesures de prévention des risques professionnels des conducteurs de transport en commun
Compte tenu de la fréquence et de la gravité des dangers du métier de conducteur de transport en commun et de chauffeur de taxi, il convient d'évaluer tous leurs risques professionnels dans l'entreprise et de rédiger obligatoirement le Document Unique de Sécurité en appréciant à la fois l'environnement matériel et technique (véhicules, organisation…) et l'efficacité des moyens de prévention existants et de leur utilisation.
La retranscription de cet état des lieux dans le Document Unique doit conduire à l'élaboration d'un plan de prévention pour mieux prévenir les risques identifiés, de manière aussi à ce que les salariés puissent être informés.
- La prévention des risques routiers
Prévenir le risque routier, c'est prendre en compte la formation des conducteurs, l'organisation des déplacements, et l'état des véhicules.
Le conducteur doit être titulaire d'un permis D et être âgé de plus de 21 ans et avoir suivi une formation initiale minimum obligatoire (FIMO-voyageurs) ou avoir une attestation de formation continue obligatoire de sécurité (FCOS), de moins de 5 ans.
Le conducteur doit respecter une hygiène de vie compatible avec la conduite, notamment ne pas prendre de produits altérant la vigilance, alcool ou psychotropes, avec rappel fréquent des exigences et des sanctions du Code de la Route.
Il faut ensuite préparer au mieux les voyages :
- Gérer et planifier les déplacements par la préparation de l'itinéraire en incluant des temps de pause, la prise en compte de la fatigue lors de la conduite de nuit ;
- Anticiper les éventuelles difficultés de circulation et établir une procédure de gestion en cas de retards ou d'imprévus ;
- Prendre en compte l'état des routes et les conditions météorologiques ;
- Respecter les temps de conduite et de repos ;
- Interdire l'utilisation du téléphone au volant.
Enfin, il convient d'équiper les véhicules de tous les équipements de sécurité et des systèmes d'assistance à la conduite et réaliser l'entretien du véhicule régulièrement (mécanique, pneumatique, électronique de bord). - Un poste de conduite ergonomique
Fournir aux chauffeurs une suspension pneumatique, une grande gamme d'ajustements possibles permet l'adoption de postures au volant qui réduisent les contraintes subies par l'appareil locomoteur.
Le choix des véhicules à poste de conduite le plus ergonomique s'impose donc, mais cela n'est pas suffisant pour limiter les troubles musculo-squelettiques si une formation et une sensibilisation particulières à la bonne position de conduite (position du siège, du volant, des pieds et des mains) et à la manipulation des réglages (siège, commandes, volant, rétroviseurs…) ne sont pas faites. - Une organisation des rythmes de travail
Il s'agit de limiter les horaires atypiques pour chaque conducteur, de privilégier le volontariat : en effet, les contraintes particulières au travail en horaires décalés et/ou de nuit peuvent être adaptées et acceptées par certains salariés, en fonction de facteurs personnels et/ou économiques.
L'aménagement des rythmes de travail, la notification bien en avance des horaires de travail, des horaires plus réguliers, permet une vie familiale et sociale et une régularité dans la prise des repas et du sommeil. La charge mentale peut être diminuée en réduisant la monotonie des tâches, comme par exemple mettre en place des roulements sur les lignes. - Des aménagements contre les risques d'agression
L'implantation des nouveaux systèmes d'aide à la gestion et à l'exploitation (SAE) qui repose sur le principe d'une liaison permanente entre les véhicules et les contrôleurs avec le centre de régulation, l'établissement de caméras sur les lignes sensibles, la séparation du conducteur et des passagers par un écran, la pose de miroirs et caméra vidéo à l'intérieur du bus, l'équipement des autobus d'un radiotéléphone avec pédale d'urgence.... sont des moyens de lutte contre les agressions.
Pour compléter ce dispositif , il convient de mettre en place une procédure d'accompagnement et de prise en charge psychologique et juridique rapide en cas d'agression : « débriefing », ou entretien individuel d'écoute, conduit tout de suite après l'agression pour faire revivre l'événement dans tous ses détails et dans tout ce qu'il a généré au niveau mental, assistance lors des interrogatoires de la police, suivi par des psychologues ou psychiatres, en relation avec des médecins du travail formés à ce genre d'intervention. - La formation continue des conducteurs
- Formation destinée aux chauffeurs pour faire face à des personnes agressives : des techniques de dialogue et la communication contribuent à désamorcer les risques de violence. Une formation à la gestion des conflits et du stress (techniques de « coping ») permet d'obtenir un meilleur contrôle émotionnel en situation d'agression et de détecter précocement des agresseurs potentiels pour mieux désamorcer l'escalade de la violence.
- Formation PRAP (Prévention des Risques liés à l'Activité Physique) pour prévenir les risques liés aux manutentions manuelles.
Il s'agit d'apprendre les bonnes postures de travail, les positions articulaires adéquates, en appliquant les principes de base de sécurité physique et d'économie d'effort.
- Formation aux règles concernant l'hygiène alimentaire afin d'aboutir à une restauration plus équilibrée et d'atténuer les risques de troubles digestifs et de surpoids.
- Formation aux réglages du poste de conduite - La surveillance médicale des conducteurs
Une visite médicale annuelle permet de vérifier la compatibilité de l'état de santé avec les exigences de la conduite d'un véhicule de transport en commun, dont la fonction visuelle.
Un certain nombre de salariés doivent bénéficier, après évaluation, d'une surveillance médicale renforcée : radiographie du rachis lombaire au cas par cas pour les salariés exposés aux vibrations, examen sanguin dont Gamma GT (dépistage d'alcoolisme), audiométrie…
Une visite médicale d'aptitude pour le permis de conduire organisée par la préfecture de police doit être passée tous les 5 ans jusqu'à 60 ans puis annuellement.
Mai 2013
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