Les entreprises horticoles, maraichères et les pépinières ont des risques spécifiques, qui concernent la production florale ou légumière elle-même (plantation, récolte, travail sous serres), mais aussi la préparation des livraisons et le conditionnement (emballage, chargement) et l'entretien des serres, des lieux de stockage et du matériel (nettoyage des machines, des outils..).
Les entreprises horticoles, maraichères et les pépinières ont des risques spécifiques, qui concernent la production florale ou légumière elle-même (plantation, récolte, travail sous serres), mais aussi la préparation des livraisons et le conditionnement (emballage, chargement) et l'entretien des serres, des lieux de stockage et du matériel (nettoyage des machines, des outils..).
- Risques physiques liés aux gestes répétitifs et aux postures contraignantes de la plantation et de la récolte ou cueillette avec tous les troubles musculo-squelettiques associés,
- Risques physiques de coupures ou blessures liés à l'utilisation de machines, engins et outils tranchants (motobineuses, couteaux, cutters, sécateurs...),
- Risques physiques liés aux manutentions lourdes (caisses et cageots,...) et aux chutes sur sol inégal, glissant, ou encombré (tuyaux..),
- Risques physiques liés aux contraintes du travail en extérieur ou sous serres (climatiques, piqures d'insectes, corps étrangers dans les yeux...)
- Risques chimiques liés à l'exposition des horticulteurs, maraichers et pépiniéristes aux pesticides et engrais lors des traitements phytosanitaires et de fertilisation, au monoxyde ce carbone sous serre,
- Risques physiques dues aux interventions en hauteur pour la réparation des serres,....
Les emplois saisonniers et temporaires sont très nombreux dans les secteurs de l'horticulture et du maraîchage et les risques professionnels concernent plus fréquemment ce type de travailleur, du fait de la précarité de cette main d'œuvre, leur manque d'information, de formation et de connaissance des lieux et des procédés qui augmentent ainsi leur vulnérabilité.
L'employeur doit prévenir les risques professionnels auxquels sont exposés les travailleurs permanents et saisonniers, doit prendre en compte les risques dans le Document Unique de Sécurité et favoriser la mise en œuvre d'actions de prévention, notamment en matière d'obligation d'information et de formation à la sécurité.
Tous les risques des horticulteurs, maraichers et pépiniéristes peuvent être maîtrisés par des moyens de prévention collective et individuelle : choix d'outils et de machines ergonomiques, ventilation efficace des serres, équipement de protection individuel adapté indispensable, ainsi que des pratiques gestuelles appropriées, une organisation rationnelle des travaux d'horticulture et de maraîchage, des techniques éprouvées suite à une bonne formation, des actions de sensibilisation sur les risques et les moyens de les prévenir et le strict respect des règles d'hygiène au travail.
Les principaux risques professionnels des horticulteurs, maraichers et pépiniéristes
Les entreprises de cultures spécialisées regroupent les maraichers (légumes comme les salades, fruits comme les fraises, tomates...), les producteurs de fleurs coupées, les pépiniéristes d'ornement et fruitier, les horticulteurs (plantes à massif ou en pots) mais également les bulbiculteurs, les rosiéristes, ainsi que les producteurs de plants de légumes.
La pratique de l'horticulture et du maraîchage expose les travailleurs à de nombreuses situations à risques :
- Exposition à des contraintes physiques
Les horticulteurs, maraichers et pépiniéristes sont particulièrement soumis à des nuisances physiques : contraintes posturales et articulaires répétitives et prolongées lors des travaux de taille, de plantation et d'arrachage des végétaux, d'effeuillage, de perçage des plastiques de culture, de préparation des sols, port de charges lourdes (sacs de terreaux et d'engrais, caisses et cageots pleins, manutention des arceaux, des bobines de plastique, pots...), déplacements d'objets volumineux et encombrants (palettes, chariots, containers...), exposition à des bruits nocifs et aux vibrations transmises aux membres supérieurs au niveau de l'axe main/bras, par les motobineuses, ... Ces contraintes sont souvent cumulées, avec des efforts et mouvements répétitifs de la main et du membre supérieur, des positions accroupies, agenouillées ou penchées en avant fréquentes, des bras levés au dessus des épaules, une station debout prolongée et marche sur sol inégal, boueux, sableux...Les travaux de bêchage, de piochage, de binage pour la plantation sont très éprouvants pour le rachis dorsal et lombaire. La multiplication des plants sollicite, de manière très répétitive, l'une des mains.
Les risques liés à ces gestes et postures sont majorés si le travail s'effectue dans des conditions climatiques pénibles, de froid et d'humidité ou de chaleur excessives, ou en ambiance humide et sombre comme en salle de forçage des endives. - Exposition aux risques d'utilisation des outils à mains et mécanisés
La mauvaise utilisation des sécateurs, cisailles, taille-haies, échenilloirs, agrafeuses, ... peut avoir pour conséquences de blessures graves (coupures de membres ou de doigts), avec surinfection possible. Les pépiniéristes utilisent des outils potentiellement dangereux, comme des motobineuses, des mini-tracteurs et des machines équipés de pièces rotatives en mouvement (débrousailleuses...).
La marche sur un râteau ou une fourche présentent aussi des risques de contusions par relevé brutal des manches, de même quand ils se cassent.
Le jet d'un nettoyeur haute pression peut se révéler un sérieux danger pour l'opérateur ou son entourage sur toute partie du corps exposée, mais le danger peut provenir aussi du coup de fouet d'un flexible, de projections de débris pulvérisés par le jet. - Exposition aux chutes de plain-pied et de hauteur
- Utilisation de moyens inadaptés d'accès en hauteur pour la taille d'arbres ou le montage ou l'entretien de serres.
- Chutes lors de la montée et descente des machines, des chariots de récolte,
- Glissades et chutes de plain-pied, liées à la topologie du terrain ou à un trébuchement contre un obstacle non repéré sur un sol encombré par des outils, tuyaux d'arrosage, branchages... - Exposition à des agents chimiques
- Renversement et contact avec huiles, carburants utilisés pour les engins de motoculture.
- Sortie des gaz d'échappements non conforme et moteurs mal réglés, et exposition notamment à la présence d'hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) dont certains sont cancérigènes et qui peuvent provoquer des troubles neurologiques.
- L'exposition des horticulteurs, maraichers et pépiniéristes aux traitements phytosanitaires (fongicides, insecticides, herbicides), lors de la préparation des bouillies, de la pulvérisation, est génératrice de risques chimiques importants, neurotoxiques et reprotoxiques par voie cutanée ou respiratoire. L'exposition au produit peut se faire lors de la préparation (exemple : remplissage du pulvérisateur) ou durant le traitement.
- L'exposition à ces traitements phytosanitaires (défaut d'étanchéité des combinaisons, particulièrement au niveau des poignets) , du nettoyage du matériel de pulvérisation ou des équipements de protection, de la réentrée dans les serres et sur les surfaces traitées, peut occasionner des troubles importants : maux de tête, nausées, vomissements, vertiges, paresthésie (trouble de la sensibilité) ; mais potentiellement à long terme, l'impact de ces substances sur la santé présente des risques cancérogènes, neurotoxiques, de perturbation endocrinienne (reprotoxicité) pour une exposition chronique.
- Les troubles de contact sont aussi fréquents avec les fertilisants, les détergents et désinfectants chlorés, les hormones de bouturage : le contact cutané peut provoquer des allergies et des troubles caustiques (dermites, ulcérations), le contact respiratoire est responsable de rhinites, d'asthmes professionnels. - Exposition à des agents biologiques
- Coupures souillées par de la terre contaminée (tétanos, ...).
- Morsures d'animaux (venins des serpents ...).
- Piqûres d'insectes.
- Allergies au pollen ou aux insectes (chenilles urticantes, guêpes et frelons ...). - Exposition aux risques particuliers des serres
Les cultures de fleurs, légumes, dont les plants à repiquer, se pratiquent très souvent serres horticoles, qui ont connu un fort développement : les serres sont des installations hautes, notamment avec de grandes verrières, rendant difficiles les travaux de maintenance et de réparation. Mais les serres horticoles constituent aussi un milieu fermé, aux conditions climatiques favorisant l'apparition de risques chimiques, phytosanitaires et de concentration de monoxyde de carbone.
- Exposition aux risques de chutes de hauteur
Le montage et l'entretien des serres exigent des travaux en hauteur, mise en place d'échafaudages, de chariots élévateurs et d'échelles...créant des situations dangereuses : le polycarbonate et les matériaux plastiques souples doivent être remplacés régulièrement. De même, le graissage des ouvertures, le changement de vitres cassées de la toiture pour les verres horticoles, les opérations de blanchiment, déblanchiment, de nettoyage des chenaux, la pose de plastique ...
Les chutes de hauteur sont la source fréquente d'accidents graves, soit par chute vers l'extérieur du bâtiment depuis les toitures ou les plates-formes de travail, les échelles, soit chute à l'intérieur du bâtiment, lors de circulation sur un toit fragile, ou en passant à travers le toit ou une ouverture.
- Exposition aux risques de coupures
Les travaux sur des serres en verre horticole (montage, réparations sur la toiture) exposent les travailleurs à de graves coupures ou lacérations, car, en cas de casse, le carreau se brise en grandes pièces très tranchantes.
- Risques d'intoxication au monoxyde et au dioxyde de carbone
Les productions maraîchères et florales sous serres nécessitent un chauffage et l'utilisation d'engins à moteur thermique, qui, en cas de mauvais fonctionnement de la chaudière, un dysfonctionnement du système et une ventilation inadéquate génèrent du monoxyde de carbone CO qui se concentre dans le lieu confiné que constitue la serre.
L'augmentation du taux de dioxyde de carbone CO2 dans une serre, avec un système d'enrichissement en gaz carbonique de l'air, permet d'augmenter de manière significative la croissance des plantes. Le gaz naturel, le propane ... sont brûlés dans des génératrices spéciales, placées dans la serre, qui produisent du CO2, ou bien la diffusion de CO2 est assurée à partir d'une bonbonne de gaz carbonique liquide : dans ces deux cas, des émanations nocives en cas de très forte concentration de CO2 peuvent se produire.
- Risques d'incendie
La propagation d'un incendie dans une serre est souvent due aux matériaux fortement inflammables utilisés comme écran.
- Risques chimiques
Les serres horticoles constituent un milieu fermé, aux conditions climatiques favorisant l'apparition de problèmes liés à l'utilisation de produits phytosanitaires, non seulement lors de l'application du traitement comme dans tout secteur agricole, mais aussi de façon plus méconnue, car les molécules persistent dans l'air après traitement. Les travailleurs manipulent en serre d'autres produits chimiques, des fumigants pour stériliser et des fertilisants en grande quantités, et s'exposent aussi à ce risque d'intoxication. La fumigation consiste à produire des fumées, des vapeurs désinfectantes (assainissement) ou toxiques (destruction des insectes, des champignons, etc...). Le bromure de méthyle est le fumigant du sol postrécolte qui était le plus couramment utilisé, mais de plus en plus substitué par le fluorure de sulfuryle. Cette fumigation laisse des vapeurs très toxiques pour les plantes et les mammifères. - Surexposition des travailleurs temporaires et saisonniers
Les travailleurs temporaires et saisonniers sont plus exposés aux risques d'accidents du travail et de maladies professionnelles du fait de la précarité de cette main d'œuvre, leur manque d'information, de formation et de connaissance des lieux et des procédés qui augmentent ainsi leur vulnérabilité.
Les travailleurs saisonniers sont en majorité soit des étudiants ou des demandeurs d'emplois ayant aucune ou peu d'expérience professionnelle : les gestes et postures adéquates, les notions d'hygiène et sécurité au travail ne leur sont pas du tout familières. A l'absence de conscience des risques, s'ajoute pour les jeunes gens la difficulté à identifier leurs limites et la réticence à demander des informations par manque de confiance en eux ou pour faire bonne impression ou de peur d'apparaître incompétent. Par manque d'information, ils risquent d'être exposés à des agents chimiques dangereux ou à des contraintes physiques et organisationnelles qui peuvent être à l'origine d'accidents.
Les principaux risques des horticulteurs, maraichers et pépiniéristes
- Les troubles musculo-squelettiques (TMS)
Les horticulteurs, maraichers et pépiniéristes figurent parmi les métiers les plus concernés par les troubles musculo-squelettiques, c'est-à-dire les affections péri-articulaires provoquant des douleurs des poignets (syndrome du canal carpien), des coudes (épicondylite des tailles, épitrochléite des ratissages), des épaules (tendinites des bras tendus ou en l'air) et des lésions de la colonne vertébrale (cervicalgies, lombalgies) ainsi que des traumatismes aux genoux et aux chevilles (entorses...), du fait d'une position accroupie, agenouillée ou penchée en avant fréquente et d'une station debout prolongée et marche sur sol inégal, boueux, sableux... Le travail prolongé à genou lors des plantations peut provoquer un hygroma du genou (ou bursite) du à des microtraumatismes répétés et des lésions chroniques méniscales et des compressions du nerf sciatique.
Le vieillissement progressif des structures ostéoarticulaires peut aboutir à une inaptitude professionnelle, ce qui, de par leur fréquence et leur impact, tant médical que socioprofessionnel, constitue un problème majeur de santé au travail pour les horticulteurs, maraichers et pépiniéristes : le risque total dépend de tous les facteurs (vibrations, élongations, torsions...) en instantané, mais aussi de la totalité des effets reçue au cours de la journée de travail et de la vie professionnelle.
Les risques liés à ces gestes et postures sont majorés si le rythme est trop soutenu par les conditions de rémunération au rendement, si le travailleur est inexpérimenté et/ou mal formé (notamment les saisonniers). - Les lésions physiques
Les risques physiques et mécaniques sont multiples :
- Glissades et chutes de plain-pied, liées à a topologie du terrain ou à un sol défectueux, ou à un trébuchement contre un obstacle non repéré d'un lieu de travail encombré, ...
- Projections dans les yeux de débris végétaux ou minéraux ...
- Coupures par les sécateurs, piqûres, griffures de végétaux, échardes, avec surinfection possible.
- Traumatismes dus aux machines : risque d'écrasement, de happement par des organes en mouvement, de coincement lors d'attelage ou dételage d'outils ou engins...
- Traumatismes dus aux chutes de hauteur : fractures, traumatismes crâniens lorsque la tête a heurté le sol ou une installation, du fait de l'utilisation de moyens inadaptés d'accès en hauteur aux arbres ou installations (échelles mal stabilisées, tabourets instables ...).
- Blessures, écrasements dues aux chutes de palettes, d'objets depuis les installations de travail en hauteur.
Les lésions physiques sont le plus souvent cutanées et/ou ostéo-articulaires : la foulure, l'entorse, les contusions, plaies cutanées et hémorragies, la fracture sont les lésions les plus courantes. Les coupures par les sécateurs ou autres outils, les piqures par les végétaux (rosiers, cactées...), les échardes par des éclats de bois et les épines peuvent se surinfecter (panaris, tétanos exceptionnellement).
De nombreuses plantes présentent en effet en surface sur leurs tiges ou leurs feuilles des structures acérées (épines) ou des aiguillons barbelés (glochides) ou des soies (trichomes) qui entrainent des lésions cutanées, responsables d'excoriations, d'inoculation septique, de granulomes et botriomycomes sur les doigts ou sur la main qui peuvent persister longtemps.
Les chocs sur les doigts et les membres, les éraflures du cuir chevelu et les projections oculaires provoquent aussi des traumatismes fréquents.
Des atteintes auditives (dont la de perte progressive de l'ouïe) sont liées à l'exposition au bruit des engins de motoculture, dont la puissance sonore à la sortie de la machine peut excéder 90 dB près de l'oreille de l'utilisateur.
- Les travaux en extérieur
Le travail en extérieur conduit les horticulteurs, maraichers et pépiniéristes à être exposés aux ultraviolets (UV), aux intempéries, au froid ou à la chaleur, et à l'humidité.
L'exposition fréquente aux UV, surtout torse nu, peut être responsable de cancers de la peau, et, en tout cas, d'érythème solaire (coup de soleil).
Les problèmes de santé dus à la chaleur et à l'action prolongée du rayonnement solaire sur la tête (effets de l'insolation, de la déshydratation...) génèrent des risques de malaise général, de crampes musculaires, de pertes de connaissance. Indirectement, le travail par fortes chaleurs augmente aussi les risques d'accidents du travail par la fatigue, la sudation, la diminution de la vigilance.
Pour des travaux en extérieur, le risque lié au froid est accru par une exposition au vent (refroidissement éolien) et à l'humidité. Le refroidissement des parties du corps peut provoquer des engelures, des lésions cutanées. Les mains et les pieds (surtout doigts ou orteils) ont tendance à se refroidir plus rapidement que le torse : l'exposition au froid est susceptible de déclencher le syndrome de Raynaud (doigts blancs et douloureux par vasoconstriction). Les mycoses aux pieds sont favorisées par les travaux dans des zones humides et/ou boueuses. Comme pour la chaleur, le froid entraine des risques indirects, favorisés par la diminution de la dextérité due au refroidissement des extrémités, à la diminution des performances musculaires et à l'incapacité à effectuer des mouvements fins. La vigilance mentale est également réduite en raison de l'inconfort causé par le froid. - Les allergies respiratoires et cutanées
Les maladies allergiques respiratoires des horticulteurs et pépiniéristes sont induites notamment par l'exposition aux pollens des fleurs des arbres, arbustes ... : asthme, épisodes successifs ou le rejet de l'air est difficile et pénible, rhinite ou conjonctivite avec éternuements, écoulement nasal, larmoiements, œdème des paupières, picotements laryngés... La dermite urticarienne est provoquée par le contact avec certaines plantes.
La multiplicité et la diversité des contacts avec de nombreuses plantes et fleurs, d'origine exotique pour certaines, amplifient le risque de se trouver face à un allergène pour l'horticulteur et le bulbiculteur.
Des plantes très communément utilisées, chrysanthème, tulipe, lys, primevère, gerbera, renoncule, géranium, narcisse... sont fréquemment associées à une dermatite de contact allergique : fissures et érythème des extrémités des doigts, des mains et des avant-bras.
Les réactions d'hypersensibilité immédiate se traduisent par de l'urticaire, des manifestations oculaires (conjonctivite) et/ou respiratoires (rhinite, asthme) en particulier pour les graminées et autres fleurs très pollinisées (pollinose de proximité du mimosa).
Les réactions d'hypersensibilité retardée se traduisent par un eczéma, ou une acropulpite le plus souvent chronique et localisée aux extrémités des doigts appelée « tulip fingers ». On peut également rencontrer des dermites irritatives de contact sans mécanisme allergique comme dans le cas de la manipulation des bulbes de jacinthes ou ce sont les cristaux d'oxalate de calcium contenus dans les enveloppes externes des bulbes qui sont responsables de l'irritation. En dehors du contact avec les végétaux, l'utilisation d'outils contenant du nickel (ciseaux, sécateur), et de gants de latex peut aussi entrainer des réactions allergiques.
Les troubles de contact sont aussi fréquents avec les fertilisants et les produits phytosanitaires : le contact cutané peut provoquer des allergies (dermites, ulcérations), le contact respiratoire est responsable de rhinites, d'asthmes professionnels, de maux de tête et de nausées.
Enfin, des réactions allergiques peuvent être provoquées par des piqures d'insectes (abeilles, guêpes, frelons, araignées ...) et au contact de chenilles. - Les intoxications aux produits phytosanitaires
En plus des troubles de contact, le toxique phytosanitaire se retrouve dans le sang (le passage est facilité dans le cas d'une blessure). Ces substances sont alors, soit transformées par le foie et éliminées (par la sueur, les selles, la bile et les urines), soit stockées dans l'organisme.
Les types d'intoxications qui en résultent sont de deux sortes :
- Intoxications aiguës : qui sont dues à une durée d'exposition courte, une absorption rapide du toxique et l'apparition rapide de symptômes. Ces intoxications sont généralement provoquées par l'absorption de produits liés à des maladresses ou des méprises, elles entraînent des troubles importants :
- Troubles nerveux : vertiges, tremblements, convulsions, manque de coordination,...;
- Troubles digestifs : salivations importantes, nausées, vomissements, diarrhées, ...;
- Troubles cardio-vasculaires : tachycardie,...;
- Troubles musculaires : contractions, crampes, paralysies,...
- Intoxications chroniques : qui sont dues à l'absorption progressive et répétée de petites quantités de produits qui vont s'accumuler dans l'organisme jusqu'à provoquer des atteintes graves. Au cours de l'exposition, l'opérateur ne ressent que des troubles mineurs (maux de tête et nausées) lorsqu'ils sont décelés, mais à terme, des pathologies plus importantes peuvent apparaître avec altération d'une ou de plusieurs fonctions vitales : rénales, hépatiques, cutanéo-muqueuses, digestives, respiratoires, neurologiques et risques d'apparition de cancers cutanés, hépatiques, bronchiques.
Les émanations toxiques des gaz de fumigation sont responsables d'irritations et de troubles oculaires, de maux de tête puis de nausées, vomissements et troubles de la conscience.
- Les intoxications au monoxyde de carbone
Ce gaz toxique est très dangereux, non seulement du fait du risque d'asphyxie, mais aussi parce que celui-ci est imperceptible (inodore, incolore) et plus lourd que l'air, ce qui lui permet de se concentrer en bas de la serre.
Les mesures de prévention des risques des horticulteurs, maraichers et pépiniéristes
Une organisation rationnelle des tâches, de bonnes méthodes de travail avec des outils et engins adaptés et bien entretenus, la mise en œuvre de systèmes de ventilation, aération des serres, une bonne formation et le respect des règles d'hygiène sont nécessaires, mais insuffisants et l'adoption de vêtements et accessoires de protection (casquettes, chaussures de sécurité, gants, pantalons anti-coupures, et selon les situations, casques, visières, protection auditive etc.) s'avère indispensable.
Les différents risques professionnels doivent faire l'objet d'une évaluation :
- pour permettre la rédaction du Document Unique de Sécurité (Décret du 5 novembre 2001) en appréciant à la fois l'environnement matériel et technique (outils, machines, produits utilisés) et l'efficacité des moyens de protection existants et de leur utilisation selon les postes de travail,
- pour décrire les actions de prévention complémentaires à mettre en œuvre.
Ce Document Unique doit être actualisé au moins annuellement.
De manière aussi à ce que les salariés puissent être informés à propos des produits dangereux utilisés, les Fiches de Données de Sécurité (F.D.S.) doivent être mises à disposition et la connaissance de leurs risques expliquée au travers de la compréhension de leur étiquetage.
- La suppression / substitution des produits les plus toxiques
La première étape consiste à repérer en particulier les agents chimiques cancérogènes ou dangereux dans le cadre de l'évaluation des risques du Document Unique de Sécurité (DUS). Les Fiches de Données de Sécurité (FDS), obligatoires pour tout produit chimique dangereux, comportent les renseignements relatifs à la toxicité des produits.
La suppression ou la substitution des produits ou procédés dangereux par d'autres qui le sont moins est la mesure de prévention prioritaire qui s'impose à l'employeur. Par exemple :
- la stérilisation du sol par la vapeur est préférable à la fumigation parce que, en plus de détruire la majorité des parasites, elle n'a aucun effet secondaire toxique.
- la réduction des intrants phytosanitaires est une mesure de prévention primaire de la filière horticole avec adoption d'alternatives à certains traitements (Protection Biologique Intégrée, auxiliaires de culture et confusion sexuelle...).
- Des outils et machines ergonomiques
Le choix de matériel moins bruyant (capotage, silencieux d'échappement...), anti-vibrations (poignées et supports anti-vibratiles...), est une prévention primaire technique efficace, puisqu'elle concerne l'élimination ou au moins la réduction de l'intensité sonore ou vibratoire à la source.
L'adoption systématique de l'outil approprié à la tache, en bon état de fonctionnement est un gage de sécurité : poignées ajustées et bien fixées, tranchant de coupe bien aiguisé et non endommagé, outils à manche télescopique, carters de protection vérifiés.
Le filtre à air doit être entretenu sur les engins à moteur, avec un pot d'échappement en bon état, une sortie des gaz non dirigée vers le travailleur.
L'utilisation de sécateurs assistés, l'apprentissage de l'aiguisage des lames sont des mesures de prévention essentielles : le sécateur électrique soulage les efforts répétitifs du poignet et du coude mais ceux-ci se déplacent vers l'épaule. Si bien qu'il est indispensable de marquer des temps de pause régulièrement, qu'on peut utiliser pour affiler le sécateur de manière à maintenir toujours l'aisance de la coupe.
Les nombreuses manutentions manuelles de charges lourdes qui entraînent des risques évidents de troubles musculo-squelettiques au niveau du dos et des articulations, peuvent être réduits par l'utilisation systématique d'aides de manutention manuelle (brouettes, diable, ...) ou motorisée. La fourniture de pinces de transport multi-pots est une aide pour les travaux au sol, de même les sécateurs avec perche évitent de des taches en hauteur.
Les systèmes d'aide à l'ouverture des ouvrants des serres (manivelle, système électrique,...), de blanchiment automatique, des anneaux d'ancrage ou ligne de vie sur le faîtage des serres sont des dispositifs de sécurité nécessaires.
Des échafaudages roulants, des Plate formes Elévatrices Mobiles de Personnes, passerelles ou chevalets de taille sont à utiliser pour les travaux en hauteur, les échelles ne doivent être considérées que comme des moyens d'accès.
La diminution du poids des sacs choisis (engrais, ciment, terreau...) à 30 kg maximum est aussi un facteur de prévention des lombalgies. - Des mesures de prévention organisationnelle
L'alternance des tâches et des gestes prévue à l'avance, l'organisation des plannings pour permettre des temps de pause, la prévision des conditions climatiques afin de bien choisir les dates pour la réalisation des divers travaux, le rangement en permanence des matériels et outils, sont des facteurs importants dans la diminution des TMS, des chutes et des heurts.
- Choix du verre trempé, verre sécurit, avec bordures biseautées pour les serres, beaucoup plus résistant que le verre horticole (mais plus cher).
- Système de détection du CO.
- L'installation électrique (armoires électriques, fils et câbles, éclairage, disjoncteurs) doit être conforme aux normes de sécurité électrique, ce qui est d'autant plus important si le travail s'effectue dans une atmosphère ou avec des mains humides : en particulier, la bonne mise à la terre doit être contrôlée, les prises de courant défectueuses remplacées, les prolongateurs et outils portatifs vérifiés, ...
- Entretien et contrôles réguliers de tous les systèmes de chauffage, d'enrichissement en CO2, de ventilation mécanique, de refroidissement (blocs de refroidissement, mécanismes d'évaporation), d'humidification et de climatisation des serres. La maintenance systématique des systèmes d'extraction d'air et de ventilation (nettoyage des conduits d'extraction, changement des filtres) est une condition indispensable de bon fonctionnement.
- L'environnement de travail doit offrir un éclairage suffisant et homogène.
- Placer les outils non utilisés en lieu sûr où ils ne risquent pas provoquer de blessures (par exemple, ne pas laisser les râteaux ni de fourche au sol, dents vers le haut, ne pas laisser d'outils sur une installation en hauteur),
- Organiser l'espace de travail pour conserver toujours une posture confortable, avec assez de place,
- Lors des travaux les plus pénibles physiquement, les intervalles de pause doivent prendre en compte les conditions atmosphériques (pluie, vent...),
- Eviter le travail isolé, et prévoir la rotation du personnel,
- Lors d'épisodes de chaleur, débuter la journée de travail plus tôt et reporter les lourdes tâches aux heures plus tempérées de la matinée, aménager des zones de travail et de repos à l'ombre avec mise à disposition d'eau fraîche,
- Vaccination antitétanique et contre la leptospirose pour les travailleurs exposés aux morsures des rats (bords de rivière, terrains vagues...). - Des mesures de prévention collectives des risques phytosanitaires et chimiques
Il convient d'optimiser les doses et nombres de traitement en fonction des critères météo, état sanitaire, stade de développement de la culture...
Les mesures de prévention collective indispensables sont les suivantes :
- Aménagement du local technique et de l'aire de préparation et de nettoyage des équipements de travail : ventilation efficace, séparation des produits en fonction des FDS...
- Limiter les durées d'exposition aux traitements phytosanitaires,
- Bon réglage et entretien (buses bouchées...) des pulvérisateurs,
- Le stockage de produits chimiques présente des risques tels que l'incendie, l'explosion, le risque de chute ou de renversement d'emballage avec fuites ou déversements des produits. Toutes ces caractéristiques rendent nécessaire, outre les précautions lors de leur emploi, l'utilisation de contenants, d'armoires ou l'aménagement de locaux spécifiques de stockage, notamment de produits inflammables (essence, huile), armoires avec étagères de rétention, matériels de stockage avec bacs rétention pour prévenir et maîtriser les fuites accidentelles de liquides, extincteurs à proximité.
- Utiliser un entonnoir pour remplir les réservoirs de carburant ou un bidon avec bec verseur, bien à plat, moteur refroidi et à l'extérieur,
- Il convient de toujours bien refermer les bidons et autres conteneurs de produits chimiques et essuyer les liquides ou ramasser les granulés immédiatement après tout déversement.
- Réentrée dans les zones traitées (intervention sur culture après que cette dernière ait été traitée) : le respect des délais d'attente recommandés avant de pénétrer dans une enceinte où des pesticides ont été appliqués est impératif, ainsi que l'observation rigoureuse du mode d'emploi de ces produits. Des panneaux sécurité doivent être mis à l'entrée de la serre traitée pour indiquer qu'un traitement est en cours et le délai de réentrée.
L'exposition au produit peut se faire lors de la préparation (exemple : remplissage du pulvérisateur) ou durant le traitement, ou lors des opérations de nettoyage des équipements de travail.
Les mesures de protection individuelle doivent être absolument respectées, même si le port de certains équipements peut être gênant (chaleur, finesse des manipulations..) : l'objectif est d'éviter au maximum toute exposition cutanée, respiratoire ou digestive. Il est primordial que l'utilisateur connaisse les phases les plus à risque et porte une protection (gants et combinaison résistants au risque chimique, masque à cartouche et lunettes de protection, bottes imperméables) à ces moments clefs (préparation, nettoyage, incidents lors de la pulvérisation).
En application ou en réentrée, il est essentiel d'avoir une hygiène rigoureuse : se laver les mains après chaque intervention, prendre une douche immédiatement après le traitement, remplacer tout vêtement souillé par des projections. - Des équipements de protection individuelle adaptés (EPI)
Il faut absolument utiliser l'ensemble des protections individuelles disponibles selon les différentes situations de travail. L'employeur doit s'assurer que ces équipements de protection individuelle sont effectivement portés.
L'équipement de protection minimal doit comporter des chaussures de sécurité hautes munies d'embouts protecteurs et de semelles antidérapantes (classe S3), des vêtements de travail adaptés aux intempéries et un pantalon anti-coupure, des gants de manutention ou anti-coupures ou anti-vibrations, une casquette à visière, des bouchons d'oreille.
Le port de l'équipement de protection individuelle spécifique est obligatoire pour les utilisateurs de débrousailleuse autour des serres. Il doit être porté systématiquement. L'équipement complet comprend :
- un casque forestier de sécurité
- une protection auditive (coquille antibruit, bouchons d'oreille).
- une protection des yeux ou du visage, écran facial grillagé ou visière ou lunettes de protection
- une veste de travail de couleur vive, manchettes anti-coupures. Proscrire les vêtements amples.
- des gants de travail anti-coupures et anti-perforations.
- un pantalon anti-coupure
- des chaussures ou des bottes de sécurité robustes résistant à la perforation et à l'écrasement. avec semelles rugueuses antidérapantes
- des jambières
- Pour l'application de produits phytosanitaires, les vêtements de travail et équipements de protection individuelle fournis et entretenus par l'employeur comportent : les combinaisons de protection et les gants imperméables aux produits chimiques, les masques avec filtre à gaz ou lunettes selon les cas, les gants, les bottes de sécurité ou de protection.
- Pour le travail au soleil, obliger les travailleurs à se couvrir la tête, à ne pas travailler torse nu et à porter des sous-vêtements permettant l'évaporation de la sueur (le coton est à privilégier, le nylon est à éviter), sans toutefois négliger le port des équipements de protection individuelle, sont des mesures évidentes.
Les travailleurs doivent porter une protection de la peau pour les parties du corps qui ne peuvent pas être couvertes, essentiellement le visage, les oreilles, le cou et la nuque, en appliquant largement une crème solaire sur la peau laissée à nu, et des lunettes de protection avec filtres pour l'ultraviolet pour assurer la protection oculaire.
- Pour le travail au froid, le port de protections individuelles contre le froid (combinaison ou veste et pantalon, bottes ou chaussures fourrées antidérapantes, grosses chaussettes, bonnet ...) est indispensable.
- Pour le travail agenouillé, le port de pantalon de travail pouvant intégrer une protection fixe ou amovible des genoux, ou genouillères indépendantes, est fortement recommandé.
- Le respect des règles d'hygiène
Il est essentiel que les horticulteurs, maraichers et pépiniéristes aient une hygiène rigoureuse : se laver les mains après chaque intervention, ne pas fumer, remplacer tout vêtement souillé par des projections chimiques, boire de l'eau régulièrement pour demeurer bien hydraté afin d'éviter le stress thermique. Les équipements de protection individuelle ne doivent pas sortir du lieu de travail et être entreposés et lavés séparément des vêtements personnels. Il est aussi important de rappeler que les vêtements de protection (bottes, combinaison, masque, gants) doivent être rangés en dehors du local de stockage des produits phytosanitaires afin d'éviter leur saturation par les éventuelles vapeurs toxiques pouvant être dégagées par les produits.
Des installations sanitaires doivent permettre les mesures d'hygiène générale : lavage des mains fréquent avec moyens adaptés, douche en fin de poste, douches oculaires.
Une trousse de secours régulièrement contrôlée et approvisionnée doit permettre des soins rapides de toute blessure, même légère. Il faut disposer d'une trousse de secours avec des produits non périmés, en particulier pour désinfecter soigneusement et panser immédiatement toute plaie cutanée. - Des mesures de formation aux risques
La multiplicité, la fréquence et la gravité des accidents du travail et maladies professionnelles dans les métiers de l'horticulture et du maraîchage nécessitent d'entreprendre des actions de sensibilisation et de formation des travailleurs à la sécurité.
En particulier, pour le personnel saisonnier, des séances minimales d'information sur les risques et les moyens de les prévenir (notamment pour les dorsalgies, tendinites, coupures, coups de soleil, projections oculaires...) doivent être organisées, à la fois dans le cadre de leur intégration, puis lors d'un suivi particulier et d'un encadrement adapté à leur profil.
Des actions collectives préalables pour des groupes de saisonniers peuvent être également menées : envois de lettres d'information, temps d'information sur site par le médecin du travail ou le conseiller en prévention des risques professionnels.
La procédure d'accueil vise à mettre en place les conditions d'un dialogue avec le travailleur saisonnier qui permette d'apprécier son expérience et sa compétence : la formation immédiate adaptée lors de cet accueil et la sensibilisation rapide à la sécurité spécifique au métier est fondamentale afin qu'il adapte tout de suite son comportement, ses modes opératoires et sa protection individuelle face aux risques du poste de travail.
- Formation du personnel sur les risques phytosanitaires et sur les dangers des produits utilisés et sur les moyens de se protéger (par exemple savoir lire attentivement l‘étiquette du contenant des produits et connaître les symboles présents sur les récipients, utiliser les E.P.I adéquats),
- Formation sur les premiers secours pour pallier les conséquences d'un éventuel accident de travail
- Formation PRAP (Prévention des Risques liés à l'Activité Physique) pour prévenir les risques liés aux manutentions manuelles. Il s'agit d'apprendre les bonnes postures de travail, les positions articulaires adéquates, en appliquant les principes de base de sécurité physique et d'économie d'effort.
- Formation à l'utilisation des chariots automoteurs et élévateurs et autorisation de conduite délivrée par l'employeur.
- Formation à la mise en œuvre et à l'utilisation des équipements de protection individuelle.
- Formation aux règles hygièno-diététiques.
Pour aller plus loin
OFFICIEL PREVENTION : Risques chimiques : Les équipements de protection individuelle de prévention des risques phytosanitaires
Aout 2012
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