Certaines installations professionnelles peuvent générer un champ électromagnétique d’une forte intensité et certaines activités professionnelles impliquent une exposition à des niveaux supérieurs aux expositions générales, ce qui nécessite de déterminer et d’évaluer les risques potentiels pour la santé des travailleurs exposés.
Certaines installations professionnelles peuvent générer un champ électromagnétique d’une forte intensité (soudeuses haute fréquence, fours à induction, imagerie par résonnance magnétique...), et certaines activités professionnelles impliquent une exposition à des niveaux supérieurs aux expositions générales (proximité d’antennes de télécommunication, fours industriels à micro-ondes...), ce qui nécessite de déterminer et d’évaluer les risques potentiels pour la santé des travailleurs exposés.
Les effets biologiques observés dépendent de la fréquence et de la puissance du champ électromagnétique : ce sont des effets thermiques d’augmentation de la température des tissus pour les champs de haute fréquence (radars, antennes de la télécommunication, téléphone portable), des courants induits dans le corps humain qui perturbe le système nerveux ou cardiaque dans le cas des champs électromagnétiques de basse fréquence (équipements et appareillages électriques, lignes à haute tension).
A part certains employés qui possèdent des dispositifs médicaux implantés qui sont particulièrement exposés à leur dysfonctionnement (stimulateur cardiaque...) et les rares expositions longues et de fortes intensités pouvant provoquer des brûlures, les experts n’identifient pas d’autres effets directs pathologiques significatifs à court terme, hormis ceux émanant de la sensibilité de chacun (nausées, vertiges, palpitations, effets visuels et nerveux) qui seraient de cause essentiellement psychologique.
Aucun effet à long terme n’est avéré avec certitude à ce jour, et de nombreux travaux sont en cours pour évaluer l’éventuelle nocivité d’une exposition professionnelle continue aux champs électromagnétiques (risques de cancers et pour les fœtus ?).
Des effets indirects peuvent survenir suite à des courants de contact, avec un objet métallique qui se trouve placé dans le champ électromagnétique, ce qui provoque un choc électrique.
Il existe aussi d’autres effets indirects des champs électromagnétiques sur la sécurité au travail, car ils perturbent les télécommandes des machines ou engins.
Un décret de 2002 fixe les limites d’exposition de la population aux champs électromagnétiques émis par les équipements des réseaux de télécommunication ou par les installations radioélectriques, mais il n’existe pas encore de réglementation française spécifique concernant l’exposition des travailleurs aux champs électromagnétiques et la référence est la directive européenne 2004/40/CE et son avenant 2008/46/CE applicable en 2012, énonçant les prescriptions minimales de sécurité.
La prévention de l’exposition aux champs électromagnétiques des travailleurs passe par le blindage des équipements, machines ou locaux, le choix de procédés moins émissifs et/ou avec réduction de puissance, l’éloignement des opérateurs des sources d’émission, et éventuellement la protection individuelle (vêtements en tissu métallisé) pour les travailleurs ponctuellement très exposés. Les porteurs d’implants actifs ou passifs et les femmes enceintes doivent être particulièrement informés de ne pas pénétrer dans les zones de champs électromagnétiques intenses définis par le médecin du travail, avec une signalisation adéquate.
Les principaux risques d’exposition professionnelle aux champs électromagnétiques
Les champs électromagnétiques sont de plus en plus présents dans notre environnement au fur et à mesure que se développent les réseaux électriques et de télécommunications (radio, télévision, téléphonie mobile) et l’utilisation d’appareils tels que les fours à micro-ondes.
La présence de champs électromagnétiques, non perceptibles, suscite quelques craintes pour la santé publique, notamment pour les femmes enceintes et les jeunes enfants, et cela est renforcé en milieu professionnel, car le travailleur peut être en plus exposé à des champs électromagnétiques émis par d’autres sources artificielles d’une intensité bien plus forte et/ou beaucoup plus longtemps.
- Caractéristiques principales des champs électromagnétiques
Un champ électrique, mesuré en volt/mètre, est provoqué par une accumulation de particules électriquement chargées. Le passage d'un courant électrique, dans tout conducteur sous tension, crée un champ électromagnétique, et produit un rayonnement électromagnétique qui se propage dans l’espace à la vitesse de la lumière.
Les rayonnements électromagnétiques sont des rayonnements non ionisants, au même titre que les rayons de la lumière visible, ultraviolette ou infrarouge, c'est-à-dire que, contrairement aux rayons X ionisants, ils ne sont pas assez énergétiques pour arracher des électrons aux atomes qu’ils atteignent.
Les types de rayonnements se distinguent par leur fréquence exprimée en Hertz (Hz) (ou à partir de l’inverse, ce qui donne la longueur d'onde : plus la fréquence est basse, plus la longueur d’onde est élevée), et leur intensité.
Le spectre des rayonnements non ionisants est très large, puisqu’il englobe des fréquences extrêmement basses (ELF) avec des longueurs d’onde de plusieurs kilomètres, jusqu’au rayons ultraviolets de longueur d’ondes d’une centaine de nanomètres (millionième de millimètre) !
Les rayonnements électromagnétiques quant à eux couvrent une gamme de longueurs d’onde de 10000 km à 1 millimètre, mais ils sont plus volontiers classés selon leur fréquence :
- Les champs et rayonnements électromagnétiques de fréquences extrêmement basses (ELF) vont de 10 Hz à 10 kHz et concernent principalement la production et la distribution de l’énergie électrique (lignes haute tension et appareillages électriques).
- Les champs et rayonnements électromagnétiques de basses et moyennes fréquences (ondes kilométriques à hectométriques) vont de 10 kHz à 1 M Hz et sont le domaine principalement des fréquences radio Grandes Ondes (GO) et de procédés industriels comme l’électrothermie par induction...
- Les champs de hautes fréquences (VHF) et d’hyperfréquences (UHF) vont de 1 MHz à 10 GHz (ondes décamétriques à décimétriques) et sont produites essentiellement par les télécommunications (radio Ondes Courtes, télévision, radar, téléphonie mobile) et par des procédés industriels comme les fours industriels à micro-ondes...
Les champs électriques avec un courant continu (0 Hz) concernent des applications industrielles comme les cuves d’électrolyse ou médicales comme les appareils d’imagerie IRM.
L'intensité du champ diminue lorsque la distance à la source augmente ; la plupart des matériaux de construction ne réduisent que très faiblement l'intensité d'un champ électromagnétique, par contre des panneaux ou grilles métalliques par effet de cage de Faraday assurent une diminution sensible des champs électriques et variable pour les perturbations d'origine électromagnétique, en fonction de la fréquence de l’onde, de la perméabilité magnétique du matériau, de la largeur de la trame du maillage... - Effets biologiques des champs électromagnétiques
Les courants électriques très faibles interviennent dans le fonctionnement des organismes vivants et font partie de la physiologie, par exemple au niveau de la communication intercellulaire. Les champs électromagnétiques provoquent des courants électriques qui peuvent perturber les courants corporels naturels et provoquer des effets biologiques, selon l’intensité, les fréquences, les durées d’exposition...
Effets biologiques ne signifie pas nécessairement effets sanitaires, c'est-à-dire conséquences pathologiques : les ondes lumineuses ont bien comme résultante sur l’organisme le phénomène de la vision... De plus, des ondes électromagnétiques naturelles (rayonnements stellaires, foudre, champ magnétique terrestre) ont sans doute permis l’apparition de mécanismes d’adaptation au cours de l’évolution plurimillénaire.
De fait, si les effets biologiques directs à court terme sont bien documentés, les risques éventuels sur la santé causés par une exposition aux rayonnements électromagnétiques artificiels sont encore mal connus et les nombreuses études en cours sur les effets directs à long terme n’apportent pas de conclusions certaines et font l’objet de controverses.
Par contre, les effets indirects, soit causé par un arc électrique d’un courant de contact (incendie, explosion, choc électrique avec la personne exposée), soit par le dysfonctionnement de dispositifs électroniques (implants de type pacemaker ou télécommande d’engins), entrainent des risques certains.
• Les effets directs des champs électromagnétiques
Les champs électromagnétiques de basse fréquence, provoquent à court terme des courants induits dans le corps humain, avec une stimulation électrique du système nerveux sans danger apparent et prouvé pour l’activité cérébrale ou cardiaque, hormis pour des situations exceptionnelles de très fortes intensités.
Toutefois des personnes hypersensibles souffrent de céphalées, nausées, vertiges, troubles de la vision, de l’audition et du sommeil, palpitations... symptômes non spécifiques qui évoquent plutôt une réaction d’anxiété vis-à-vis d’un phénomène diffus, non maitrisable et non perceptible de manière directe.
Les champs électromagnétiques de haute fréquence, provoquent à court terme l’échauffement des tissus, et, dans les cas rares de fortes intensités et pour de longues expositions, ils peuvent provoquer des brûlures superficielles ou profondes.
Les études épidémiologiques sur les effets à long terme d’une exposition régulière à des champs électromagnétiques de faible intensité, ne semblent pas permettre à ce jour de conclure à leur potentialité cancérogène.
Quant aux risques pour le fœtus de la femme enceinte exposée aux champs électromagnétiques, aucun effet sanitaire n’a pu être vraiment mis en évidence à ce jour et des études doivent être poursuivies pour conclure à l’innocuité ou à la nocivité des effets des champs électromagnétiques sur la grossesse.
Ainsi, pour les effets directs, en attendant des conclusions scientifiques définitives, il convient d’appliquer le principe de précaution en respectant les valeurs limites préconisées par la réglementation.
• Les effets indirects des champs électromagnétiques
Paradoxalement, ce sont les effets indirects des champs électromagnétiques qui sont à l’origine des risques les plus évidents.
Des effets indirects à court terme peuvent survenir suite à des courants électriques de contact, c’est-à-dire par contact d’une partie du corps placé dans un champ électromagnétique avec un objet conducteur généralement métallique, générant une décharge électrique, sensation douloureuse au contact le plus souvent avec le doigt, jusqu’au choc sévère avec difficulté à respirer dans le cas de champs très intenses.
La perturbation des télécommandes peut être responsable du mauvais fonctionnement d’un engin ou d’une machine, pouvant créer une situation dangereuse.
Il existe aussi un risque de perturbation chez les travailleurs porteurs d’implants actifs avec un dispositif électronique, en particulier les stimulateurs cardiaques, les prothèses auditives et les pompes à insuline, pour lesquels des mauvais fonctionnements sont possibles.
Les implants passifs (broches, plaques, prothèses de hanche...) réalisés dans des matériaux métalliques sont eux-aussi sensibles aux champs magnétiques avec comme conséquence la sensation d’échauffement désagréable.
Les principales situations professionnelles à risques d’exposition aux champs électromagnétiques
Pour identifier l’intensité et la fréquence des champs électromagnétiques, on réalise des mesures au poste de travail avec des appareils analyseurs de champ électromagnétique : le tesla mètre pour quantifier l’induction magnétique statique, le champ mètre basses ou hautes fréquence pour mesurer le champ et l’induction magnétiques.
Certaines installations peuvent présenter des valeurs de champ élevées à leur proximité :
- Dans le secteur industriel : presses haute fréquence, fours à micro-ondes, bacs d’électrolyse, soudage à l’arc ou par résistance, fours à induction, chauffage diélectrique, contrôle par magnétoscopie, électro-aimants (portiques,...), etc.
- Dans le secteur médical : imagerie par résonnance magnétique (IRM), diathermie à usage médical, bistouri électrique, etc.
- Dans le secteur de la distribution électrique : lignes et postes de transformation à haute et très haute tension, sous-stations électriques, etc.
- Dans le secteur des télécommunications : antennes de radiodiffusion, de télédiffusion, de téléphonie mobile, stations de radars civils ou militaires, etc.
Enfin, dans les bureaux, les travailleurs sont exposés aux mêmes rayonnements électromagnétiques que la population générale, mais souvent avec plus de sources dans les locaux de travail (Wifi, puces RFID, alarmes, télécommandes de systèmes de climatisation, matériels d’éclairage, ordinateurs, équipements de bureau,...) et une utilisation plus intense (téléphonie sans fil DECT, téléphones portables GSM et UMTS...).
Les mesures préventives des risques des champs électromagnétiques
- La réglementation concernant les champs électromagnétiques
Pour prévenir les effets des champs électromagnétiques, des valeurs limites d’exposition ont été élaborées pour le public, basées sur une recommandation de l’Union européenne et sur les lignes directrices de la Commission internationale de protection contre les radiations non ionisantes (ICNIRP).
Il n’existe pas encore de réglementation française spécifique concernant l’exposition des travailleurs aux champs électromagnétiques : actuellement, la référence est la directive européenne 2004/40/CE et son avenant 2008/46/CE applicable en 2012, en fixant les prescriptions minimales de sécurité des travailleurs.
Dans le cas ou un diagnostic effectué par un organisme agréé révèle des mesures de champ au poste de travail dépassant les Valeurs Déclenchant l’Action (VDA), la mise en place de mesures de prévention, techniques et organisationnelles est nécessaire.
Les moyens de réduction de l’exposition aux champs électromagnétiques dépendent de la fréquence et de la prédominance de la composante magnétique ou électrique du champ. - Choix des équipements de travail
La réduction à la source passe par le blindage des matériels émetteurs de champs électriques avec des protections métalliques faisant office de cage de Faraday (grillage, panneaux métalliques à barreaux...) et l’utilisation de câbles électriques blindés avec un treillis de fils entourant l'âme du câble.
Le respect de la compatibilité électromagnétique (CEM) exige que les équipements soient conçus de manière à garantir que les perturbations électromagnétiques produites ne dépassent pas un certain niveau pour ne pas perturber d’autres équipements, et réciproquement qu’ils possèdent un niveau de protection aux perturbations électromagnétiques d’autres équipements leur permettant de fonctionner normalement.
Ces équipements portent la marque CE qui atteste leur conformité.
Pour assurer la continuité des protections dans le temps, il faut entretenir les équipements en nettoyant les joints des portes et capots de protection, et détecter les fuites éventuelles des appareils à micro-ondes.
On peut chercher aussi à substituer des matériels émetteurs d'ondes électromagnétiques par d’autres qui ne le sont pas, comme c'est par exemple le cas de systèmes à infrarouge qui peuvent remplacer les pistolets de lecture RFID. - L’éloignement des opérateurs
L’éloignement de la source diminue rapidement l’intensité du champ et c’est donc une protection simple et efficace : cela peut se réaliser en mettant une distance entre le poste de commande et la machine ou en déplaçant des bornes WI-FI ou la place d'un transformateur...
De plus, seuls les travailleurs habilités et formés doivent être amenés à travailler dans les secteurs tout proches des installations fortement émettrices (domaine médical, télécommunication, distribution électrique) qu’il est nécessaire de signaler par des pictogrammes afin d’avertir de la présence de champs électromagnétiques intenses au personnel non autorisé. - Les protections collectives
La protection des locaux de travail, notamment les bureaux avec des femmes enceintes et des personnes hypersensibles, passe par le blindage de la pièce par un treillis pour les ouvrages en construction, ou par l’utilisation de peintures électro conductrices, de rideaux spéciaux en tissu de coton avec fils de cuivre et d’argent qui atténuent les ondes haute fréquence. - Les protections individuelles
Dans le cas d’interventions dans les champs électromagnétiques élevés produits par des sources haute fréquence qu’on ne peut pas arrêter, le port de vêtements de protection en tissu métallisé composés d’une combinaison avec casque, gants et chaussettes est nécessaire.
Dans le cas d’interventions dans des champs magnétiques de forte intensité, il faut supprimer tout objet métallique porté sur le corps (outils, montres, boucles de ceinture, bijoux...). - Les porteurs d’implants
L’entreprise a le devoir d’informer ses salariés, le personnel des entreprises extérieures et les visiteurs pour leur signaler les zones de travail de forte intensité électromagnétiques, car le risque de dysfonctionnement des implants actifs (stimulateurs cardiaques, pompes à insuline...) est possible et l’entrée dans ces zones doit être interdite aux porteurs d’implants par une signalisation à l’aide de pictogrammes adéquats. - La surveillance médicale
Bien qu’il n'existe à ce jour aucun texte réglementaire de contre-indication médicale concernant les champs électromagnétiques, il est nécessaire que les médecins du travail établissent un avis de compatibilité et un suivi adapté des personnes jugées à risques : personnes souffrant de troubles du rythme cardiaque ou d’hypersensibilité électromagnétique, femmes enceintes, porteurs d’implants actifs ou passifs.
Mai 2011
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Les avis des internautes
02/12/2020