Les fibres sont massivement utilisées dans de nombreux secteurs d’activités et applications. L’inhalation de ces fibres peut provoquer des atteintes pulmonaires (fibroses, cancers). Il existe de très nombreux types de fibres.La substitution des fibres d’amiante, dont le caractère cancérogène est avéré, par des fibres minérales artificielles n’est pas synonyme d’absence de risque.
La prévention des risques professionnels des fibres
Les fibres sont massivement utilisées dans de nombreux secteurs d’activités et applications, particulièrement en matière d’isolation phonique et thermique, de protection incendie et de renforcement des matériaux de construction. L’inhalation fréquente et prolongée de ces fibres provoque des atteintes pulmonaires (fibroses, cancers) et des allergies cutanées et respiratoires d’occurrence et de gravité variable selon leurs caractéristiques physiques et chimiques. Il existe en effet de très nombreux types de fibres naturelles ou artificielles, minérales ou organiques, utilisées dans l’industrie, le bâtiment ou la construction navale, automobile ou aéronautique. La substitution des fibres d’amiante, dont le caractère cancérogène est avéré, par des fibres minérales artificielles n’est pas synonyme d’absence de risque et par exemple, le travail avec des fibres céramiques réfractaires requiert des mesures de prévention qui sont similaires à celles utilisées pour l’amiante.
Les travailleurs exposés aux dangers des fibres sont soit ceux qui les fabriquent, soit ceux beaucoup plus nombreux qui les utilisent (calorifugeurs, plaquistes, couvreurs...), ou y sont exposés, sans en être tout à fait conscients, dans les activités d’entretien ou de maintenance (garagistes, chauffagistes...).
Les mesures techniques de prévention primaire (captage des poussières de fibres à la source, système de ventilation et installation de dépoussiérage efficaces, substitution des produits les plus nocifs...) et organisationnelles limitant l’exposition et diminuant la concentration des fibres dans l’air ambiant jouent un rôle essentiel de prévention : la lutte contre la pollution de l'air consistant en l'aération / ventilation / purification d'air des lieux de travail avec la maintenance régulière et le contrôle des installations, est une mesure de prévention collective primordiale. Le port d’équipements de protection individuelle adaptés (gants approprié , vêtements de protection, masque anti-poussière) est nécessaire en cas d’exposition résiduelle significative et le port d’un demi-masque de protection respiratoire et d’une combinaison jetable s’envisage s’il persiste un risque d’exposition par inhalation de fibres pathogènes notamment dans un milieu confiné ou bien dans les cas ou la protection individuelle est la seule possible, comme dans certaines opérations d’entretien, de maintenance ou d’intervention d’urgence.
Les informations des travailleurs exposés sur les risques des fibres utilisées dans leur métier et leur formation aux mesures de prévention adéquates complètent le dispositif de sécurité au travail.
Les principales caractéristiques des fibres
En ce qui concerne les risques professionnels, une fibre désigne une particule solide :
- longue et très fine, ayant un diamètre inférieur à 3 µm (micromètre, soit un millième de millimètre), ce qui lui permet d’être inhalée et de pénétrer profondément dans le poumon et y séjourner, et dont la longueur est au moins trois fois supérieure au diamètre.
- très longue et fine, de diamètre mesurant entre 3 µm et 8 µm, si le rapport longueur/diamètre est élevé, par exemple supérieur à 5, qui peut aussi pénétrer profondément dans l’arbre respiratoire.
Les fibres offrent généralement toutes une bonne résistance à la température, avec toutefois des caractéristiques différentes selon les types de fibres (dépassant 1000°C pour les fibres de carbone, 600°C à 800°C pour les laines minérales).
Les fibres peuvent être classées selon leur nature chimique et se distinguent par leurs facteurs de toxicité.
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Classement des fibres par nature chimique
La composition chimique des fibres varie d’une famille à l’autre en fonction des matériaux utilisés et des additifs ajoutés (résines à base de formaldéhyde...), des liants organiques destinés à inhiber la libération de fibres ou à leur conférer des propriétés techniques supplémentaires (limitation de l’absorption d’eau, résistance à la température...).
Leur structure peut être cristalline ou amorphe ; elles se distinguent aussi par leur solubilité, leur inflammabilité, leur longueur ou leur épaisseur, leur façon de se briser (longitudinalement ou transversalement), leur type de surface...En dehors des fibres textiles naturelles, on distingue :
- Les fibres minérales naturelles (amiante, wollastonite, sépiolite, attapulgite, vermiculite...),
- Les fibres minérales artificielles FMA (laine de verre, laine de roche, fibre céramique réfractaire FCR, fibres de verre à filaments continus, microfibres de verre ...),
- Les fibres organiques synthétiques (aramide, polyester, polypropylène, polyéthylène, polyamide, polyvinylalcool, fibres de carbone ...).
Certaines de ces fibres peuvent avoir un diamètre supérieur à 5 µm, mais même dans ce cas, des poussières beaucoup plus fines peuvent être libérées dans les travaux les concernant (usinage...) ou lors du vieillissement de ces produits ou suite à une dégradation accidentelle, et risquent d’être inhalables. En quantité, les produits les plus utilisés sont les fibres minérales artificielles (FMA), dont l’usage s’est diversifié et intensifié, en particulier en substitution à l’amiante, notamment pour leur capacité thermique. -
Facteurs de toxicité des fibres
Ce risque est davantage lié à la structure physique de la fibre qu’à sa structure chimique. C’est donc la granulométrie de la fibre qu’il est important de connaître (forme, diamètre, longueur).
Des maladies fibrosantes ou cancéreuses sont, avec certitude, induites par l’exposition aux fibres d’amiante. Les multiples autres fibres n’ont pas les mêmes caractéristiques physiques et chimiques, mais possèdent aussi une structure fibreuse potentiellement pathogène, avec toutefois des données permettant de juger de leur toxicité souvent encore incomplètes.
La lenteur de dissolution des fibres dans les milieux biologiques (biopersistance) est une caractéristique essentielle de toxicité : la durée de rétention dans les poumons, la durée de vie de la fibre dans l’organisme sont conditionnées par ce mode d’épuration et les fibres qui demeurent longtemps dans le poumon après avoir été inhalées sont les plus fibrosantes. De même, les fibres qui sont très biopersistantes sont plus suspectées d’être cancérogènes.
Par ailleurs, le risque est beaucoup lié à la structure physique de la fibre, à sa granulométrie (forme, diamètre, longueur) : plus les fibres sont fines et longues, plus elles peuvent pénétrer profondément dans les poumons, plus l'organisme a des difficultés à les éliminer et plus elles sont potentiellement dangereuses.
Enfin, la capacité de migrer vers d'autres organes est aussi un facteur de toxicité des fibres. L’état du matériau (niveau de détérioration et vieillesse) conditionne aussi sa friabilité, donc la production de poussières et la libération de fibres dans l’air ambiant.
Les situations professionnelles à risque
Les fibres sont très largement utilisées dans divers secteurs d’activités (construction, industries métallurgique, chimique, navale, automobile et aéronautique...) et pour de nombreuses applications :
- isolation phonique, thermique (calorifugeage des tuyauteries, isolation des fours et des chaudières ...) ou électrique (fils),
- revêtements de sol, de mur, de plafond,
- joints d’étanchéité,
- produits réfractaires (garnitures de freins, embrayages),
- renforcement des matériaux comme le caoutchouc (pneumatiques), le ciment, les tuiles, les matières plastiques (mâts de voiliers et carrosseries de voitures), les produits bitumineux ...,
- protection contre l’incendie (clapets et portes coupe-feu, vêtements ininflammables)
- etc....
Les travailleurs peuvent être exposés à différents stades de la production, du transport, de l’utilisation ou de l’enlèvement des fibres. Les entrepôts de stockage sont aussi des lieux de travail susceptibles d’avoir un air chargé de fibres, si les fibres sont stockées sans aucune précaution dans des magasins confinés.
Les fibres se présentent livrées en vrac, ou sur des rouleaux, des panneaux rigides ou semi-rigides, sous forme de nappes, de cloisons et de dalles de plafonds, de textiles (tresses, bourrelets, etc.) ...
L'exposition des opérateurs est possible à tous les stades des fabrications, notamment celles des fils, des tissus, des tresses...
Mais, les niveaux d’empoussièrement lors de la pose et de la dépose sont bien supérieurs à ceux observés lors de la fabrication des fibres : l'exposition est prépondérante pour les travailleurs impliqués dans l'installation, la maintenance, la rénovation ou le retrait des matériaux contenant ces fibres :
- la manipulation des sacs de fibres,
- la découpe à la main (ciseaux ou cutter), ou avec un outil mécanique ou perçage,
- le démantèlement ou l’entretien avec intervention sur des isolations thermiques et phoniques,
- le chargement et le nettoyage des appareils pour la fabrication de pièces moulées,
- les opérations d’usinage (sciage, fraisage, ébavurage ...),
- etc....
Dans certains cas, les opérations de maintenance sont réalisées sans information et sans précaution, car les travailleurs ne sont pas assez conscients de la présence de fibres pathogènes, par exemple :
- les poussières de frein pour les fibres céramiques réfractaires ou d’amiante sur les très vieux véhicules,
- les poussières des fibres des laines d’isolation minérales de verre, de roche dans les chantiers du BTP,
- les fibres d’amiante dans les travaux de rénovation de toiture ou l’amiante se trouvent dans les plaques ondulées de fibrociment ou les produits de bardage dans les constructions datant d’avant 1978.
- etc....
Les principaux risques professionnels des fibres
Le problème majeur lié à l’exposition professionnelle à des fibres est l’inhalation de ces fibres ou de leurs poussières, pouvant provoquer une fibrose ou un cancer pulmonaires (par exemple, asbestose et mésothéliome causés par l’amiante).
En effet, les fibres réussissent à traverser la cavité nasale et à s'attaquer à la trachée, atteindre les alvéoles pulmonaires et les cellules des bronches, et s’y accumuler. En séjournant longtemps dans le tissu pulmonaire, elles engendrent une inflammation des muqueuses pulmonaires, la formation d'un tissu pulmonaire fibreux ou cicatriciel (entrainant une insuffisance respiratoire), des atteintes de la plèvre (épanchement et plaques pleurales) et peuvent perturber les divisions cellulaires et provoquer des modifications chromosomiques.
Par ailleurs, l’inhalation constante dans les poumons de fibres peut causer des rhinites allergiques ou des inflammations de la muqueuse nasale, des pneumopathies chroniques et de l’asthme.
Le contact cutané avec les fibres peut provoquer aussi des dermites d’irritation qui se traduisent par des lésions plus ou moins importantes telles des rougeurs, des démangeaisons (prurit) et de l’urticaire ou de l’eczéma.
Les niveaux de toxicité des fibres sont très variables, mais il faut être prudent car les études toxicologiques et épidémiologiques sont encore partielles et les longs délais de latence (plusieurs dizaines d’années) impliquent une incertitude pour les nouvelles fibres et la difficulté de l'établissement avéré du lien entre l’exposition aux risques des fibres et l’apparition d’une maladie cancéreuse ou d’une fibrose professionnelles. Par ailleurs, des risques comportementaux individuels (le tabagisme) viennent s’ajouter et rendre plus difficilement discernables la part imputable aux fibres.
Toutes les fibres n’ont pas le même pouvoir pathogène (en particulier la cancérogénicité) et, de plus, la susceptibilité individuelle est différenciée à la fois par des composantes génétiques et par d’autres expositions pathogènes personnelles, dont la plus sensible est le tabagisme. Pour beaucoup de fibres, le risque pour les produits eux-mêmes est faible, mais ce sont les poussières fibreuses éventuellement générées lors de leur utilisation qui sont les plus nocives : ces émissions doivent être réduites au minimum.
En outre, il y a des durées, des intensités d’exposition et des délais pour l’apparition d’un cancer professionnel ou d’une fibrose très variables. Le seuil de toxicité d’une fibre est difficile à déterminer, mais le risque de développer un cancer professionnel ou une fibrose augmente évidemment avec la durée, la fréquence et l’intensité de l’exposition. Aussi, il a été élaboré des valeurs limites d’exposition professionnelles (VLEP) : par exemple, la valeur limite d’exposition à respecter est fixée en moyenne (à ce jour) :
- pour les fibres céramiques réfractaires, à 0,1 fibre par cm3, sur 8 heures
- pour l’amiante, à 0,1 fibre par cm3, sur 1 heure
- pour les laines de verre, de roche, à 1 fibre par cm3, sur 8 heures
- pour les fibres de carbone, peu fines et donc peu inhalables, les risques de fibrogénèse ou de cancérogénèse paraissent faibles et une valeur limite maximale à 3 fibres par cm3 est préconisée.
Une seule fibre, l’amiante, est classée en catégorie 1, c'est-à-dire en substance cancérogène sûre pour l'homme et est aujourd'hui complètement interdite en France, en ce qui concerne les utilisations nouvelles, mais elle subsiste en millions de tonnes dans les produits et constructions anciennes (toutefois en grande partie sous forme non friable comme l’amiante-ciment, mais la dépose et la vétusté libèrent des fibres). Les poussières de fibres céramiques réfractaires FCR, les fibres de verre à usage spécial de type E et les microfibres de verre de type 475 ont un risque cancérogène moindre, classé en catégorie 2 (phrase de risque R 49, c'est-à-dire possibilité pour ces produits d’être cancérigène pour l’homme). De plus, sous l’action de la chaleur, les FCR peuvent se transformer partiellement en produits pulvérulents contenant de la silice cristalline, ce qui entraine un risque potentiel de silicose.
Les laines d’isolation de verre ou de roche sont classées en catégorie 3 (phrase de risque R40, c'est-à-dire substances préoccupantes pour l’homme en raison d’effets cancérogènes possibles, mais pour lesquelles les informations disponibles ne permettent pas une évaluation satisfaisante). La réglementation est évolutive. Il s’agit :
- Pour les fibres céramiques réfractaires FCR, du décret 2001 - 97 du 1er février 2001 relatif à la prévention du risque CMR.
- Pour les laines d’isolation, du décret 2003 -1254 du 23 décembre 2003 relatif à la prévention du risque chimique.
- Pour l’amiante :
• Articles du code du travail L235-5 à 7 et R 238-20 à 36 concernant les mesures particulières de protection contre les risques liés à l’amiante,
• Arrêté du 13 décembre 1996 déterminant les recommandations et fixant les instructions techniques que doivent respecter les médecins du travail assurant la surveillance médicale des salariés concernés,
• Arrêté du 25 avril 2005 relatif à la formation à la prévention des risques liés à l’amiante.
Les mesures de prévention des risques des fibres
Les risques professionnels liés aux fibres, notamment ceux affectant les voies respiratoires, nécessitent de respecter scrupuleusement les principes de prévention collective et individuelle. Ces diverses mesures de prévention techniques et organisationnelles sont efficaces et permettent de fortement réduire la fréquence et la gravité des affections respiratoires et cutanées dues aux fibres. Cette vigilance est d’autant plus importante que la latence de nombreux effets, le manque de recul pour les nouveaux produits, des connaissances techniques et scientifiques insuffisantes (en regard de la forte croissance de l’utilisation et de la diversité des fibres), créent des conditions susceptibles de reproduire à moyen terme des catastrophes sanitaires similaires à celle des expositions anciennes à l’amiante.
• la prévention technique collective, qui permet la suppression ou la réduction de l’exposition à des niveaux aussi bas que possible, est primordiale, là ou elle est envisageable : diminuer les émissions de poussières, favoriser leur évacuation par une aspiration et une ventilation adéquate, installation de dispositifs d'aspiration des poussières à la source, choix de produits et de modes opératoires les moins dangereux pour la libération de fibres dans l’air ambiant.
• la prévention technique individuelle, port de gants et de vêtement à manches longues et surtout celle qui consiste à utiliser des appareils de protection respiratoire (masque anti-poussière ou demi-masque ou masque complet filtrant à cartouche), ou une protection intégrale (masque complet, lunettes, combinaison), ne doit être qu’un complément des mesures de protections collectives ou pour pallier une situation exceptionnelle pour laquelle il n’est pas possible de mettre en œuvre des mesures de protection collective suffisantes (désamiantage en particulier).
Les différents risques professionnels liés aux fibres doivent faire l’objet d’une évaluation pour permettre la rédaction du Document Unique de Sécurité (Décret du 5 novembre 2001) en appréciant à la fois l’environnement matériel et technique (outils, machines, produits utilisés) et l’efficacité des moyens de protection existants et de leur utilisation selon les postes de travail.
De manière aussi à ce que les salariés puissent être informés à propos des produits dangereux utilisés, les Fiches de Données de Sécurité (F.D.S.) doivent être mises à disposition et la connaissance de leurs risques expliquée au travers de la compréhension de leur étiquetage.
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La métrologie des concentrations en fibres dans l'air
Les mesures doivent être réalisées régulièrement pour procéder à des contrôles de la concentration en fibres au poste de travail afin de déterminer si les valeurs limites VLEP sont respectées.
Les concentrations en fibres sont calculées soit sur la durée du prélèvement, soit sous forme de valeur moyenne pondérée dans le temps par rapport à une journée de travail de huit heures.
Plusieurs méthodes peuvent être utilisées :
- La méthode gravimétrique qui mesure la masse de fibres collectées par un filtre. C’est une méthode ancienne, simple, peu couteuse, mais qui ne renseigne pas sur la nature des fibres, ni sur leur nombre, alors que la VLEP y fait référence.
- Le décompte du nombre de fibres dans un volume d’air s’effectue par la méthode de la microscopie optique à contraste de phase (Norme AFNOR XP X43-269 : méthode du filtre à membrane de mars 2002). La méthodologie de prélèvement et de comptage de l’arrêté du 26 octobre 2007 impose que le prélèvement individuel et le comptage des fibres soient faits dans la zone de respiration de l'opérateur. Seule la méthode plus complexe de microscopie électronique analytique permet d’identifier les types de fibres sur le lieu de travail.
Les mesures et analyses peuvent être faites par l’employeur ou par un laboratoire agréé et le respect des valeurs limites doit être vérifié au moins annuellement.
Si la valeur limite d’exposition est dépassée, cela permet d’imposer un arrêt temporaire d'activité pour remédier à la situation. -
La substitution des fibres ou des procédés les plus dangereux
La suppression ou la substitution des fibres dangereuses, notamment cancérogènes, ou le recours à des procédés évitant de les utiliser, sont les mesures de prévention prioritaire, qui s'impose à l’employeur. Toutefois, cette substitution n’est envisageable que lorsqu’il existe un produit aussi efficace et moins ou pas cancérogène, tout en ne présentant pas par ailleurs d’autres risques, et lorsque c’est techniquement possible.
Par exemple :
- Substituer les fibres céramiques par des laines d’isolation à hautes températures est la principale alternative pour des applications ne nécessitant des températures supérieures à 1100°C - 1200°C, car elles sont bien plus solubles en milieu biologique et s’éliminent donc plus rapidement.
- Pas d'alternative à ce jour pour les fibres de verre à usage spécial de type 475.
A défaut de produit de remplacement, il convient d’utiliser les natures des produits (par exemple, pour les laines d’isolation, adopter des matériaux revêtus sur leur surface externe), les emballages et les méthodes de travail permettant de réduire au minimum l’émission de fibres : les pratiques qui libèrent les fibres en quantité importante doivent être évitées, comme l’utilisation des fibres en vrac dans les opérations d’isolation ou de calorifugeage, le travail de flocage (proscrire en particulier les projections mettant en jeu des FCR), les découpes avec des outils tournant à vitesse rapide. -
Les mesures organisationnelles de prévention de l’exposition aux fibres
Les moyens de prévention à mettre en œuvre pour pallier les risques professionnels des fibres résident d’abord dans les mesures organisationnelles visant à diminuer fortement le nombre de personnes exposées et la durée et l’intensité d’exposition.
Ces mesures concernent les zones de travail, leur accès et leur balisage, les modes limitant l'importance des manipulations, les quantités de produits présentes sur les lieux de travail...
- Limiter au strict minimum le nombre de travailleurs soumis au risque en restreignant l’accès des zones où se déroulent les activités et limiter la durée de travail de ces personnes dans les zones à risque (zones de découpe et d’usinage des fibres...). En particulier, coordonner l’intervention des différents corps de métiers pour éviter leur présence simultanée sur le site, de façon à limiter le nombre de personnes susceptibles d’être exposées.
- Délimiter les zones d'utilisation à risque et les isoler et les calfeutrer le plus possible pour ne pas disperser les fibres et apposer une signalisation claire d'avertissement et de sécurité.
- Limiter les quantités de fibres (stockage, déchets) sur le lieu de travail. Les produits doivent être stockés dans leur emballage d'origine et déballés au dernier moment et au plus près du lieu d’utilisation.
- Prédécouper les pièces en atelier bien équipé (table aspirante ...) et ventilé, plutôt qu’effectuer les découpes sur place dans de mauvaises conditions. -
Les mesures techniques de prévention collective de l’exposition aux fibres
- La diminution de l’empoussièrement
• Mettre en place des dispositifs de captage à la source lorsque c’est techniquement possible : l’aspiration locale à la source consiste à capter les polluants au plus près de leur point d’émission (opérations ensachage des fibres...), avant qu’ils ne pénètrent dans la zone des voies respiratoires des travailleurs et ne soient dispersés dans toute l’atmosphère du local. Les polluants ne sont pas dilués mais évacués.
• Favoriser l’évacuation des fibres par la ventilation et l’aération des lieux de travail, ce qui joue un rôle essentiel pour limiter leur concentration dans l'air ambiant des lieux de travail.
La ventilation générale opère par dilution des polluants à l’aide d’un apport d’air neuf dans le local de travail de manière à diminuer les concentrations des substances toxiques pour les amener à des valeurs aussi faibles que possible et inférieures à la VME (valeur moyenne d'exposition). Les entrées d'air doivent être compensées par des sorties forcées : la ventilation mécanique générale doit assurer un renouvellement d'air neuf minimal en permanence, en évitant l’accumulation de substances nocives dans l’air par extraction et soufflage des poussières et fumées : l'air est transporté dans le local par un ventilateur de soufflage et extrait du local par un ventilateur d'évacuation. L’extraction de l'air se fait grâce à un système de collecte par ces ventilateurs et des gaines de diffusion, jusqu'aux filtres et aux épurateurs de l’installation qui permettent de nettoyer l'air, puis de l’évacuer à l'extérieur par rejet dans l'atmosphère. L'entretien régulier du système de ventilation (nettoyage des conduits d'extraction, changement des filtres) est une condition indispensable de bon fonctionnement.
• Réaliser les opérations en enceinte fermée (vase clos), automatiser les procédés de fabrication, en particulier pour les FCR, avec des dispositifs d’arrêt d'urgence lors d'éventuelles ruptures du confinement des systèmes clos.
• Travailler à l’humide : mélanger les substances en milieu humide, humidifier si possible le matériau avec de l’eau pour éviter la dispersion des fibres dans l’air.
• Aspirer systématiquement les poussières des postes de travail avec un aspirateur équipé d’un filtre absolu (pas de balayage qui remet en suspension les particules dans l’air) et humidifier les sols.
- La gestion des déchets
Les débris de fabrication, les déchets peuvent sont des sources d'exposition. Réaliser correctement la collecte, le stockage et l’évacuation des déchets est un impératif de sécurité. Manipuler et enlever les vieux produits ou les déchets (contenant des restes d’amiante, de FCR) nécessitent d’utiliser des poubelles ou des conteneurs d’élimination fermés puis acheminés vers une installation de stockage autorisée avec un bordereau de suivi : récipients hermétiques étiquetés de manière claire, nette et visible, sacs à déchets en matière plastique, étanches, à double enveloppe.
- Les mesures d’hygiène
• Un nettoyage régulier permet de réduire les niveaux de poussières. Il convient de réaliser un nettoyage des lieux de travail avec les outils appropriés, avec des précautions pour éviter la dispersion des poussières lors du vidage des aspirateurs ou des conteneurs à déchets, du changement des filtres des dépoussiéreurs. La monobrosse ne doit jamais être utilisée sur des dalles de sol amiantées dégradées. Les zones de travail doivent être nettoyées avec un chiffon humide ou un aspirateur à filtre absolu, jamais avec une soufflette ou un balai à sec, ni avec de l’air comprimé pour éliminer les poussières adhérentes. Ces mesures d'hygiène concernent les sols et les plans de travail, mais aussi les murs et les plafonds. Des installations sanitaires (WC, lavabos, douches) doivent être mises à disposition des travailleurs, correctement équipées et en nombre suffisant, permettant aux travailleurs exposés aux fibres de se nettoyer fréquemment les mains et le visage à l'eau et au savon et de se laver en fin de poste pour limiter l’incrustation des fibres dans la peau. En cas de forte contamination, les installations sanitaires doivent elles-mêmes faire l'objet d'un nettoyage méticuleux.
• Des vestiaires appropriés doivent être mis à la disposition des travailleurs : l’entreposage des tenues de travail doit avoir lieu à l’abri de la poussière (le rangement des tenues de ville et des tenues de travail doit être séparé).
• La gestion et le nettoyage des vêtements de travail et autres équipements individuels de protection fournis aux travailleurs exposés aux fibres doivent être pris en charge par l’employeur. -
Les équipements de protection individuelle (EPI) de l’exposition aux fibres
L'utilisation de masques respiratoires, de vêtements et de lunettes de protection, de gants adaptés est nécessaire lorsque la mise en œuvre des protections collectives est insuffisante ou est impossible. Après usage, les masques, les filtres et vêtements jetables doivent être considérés comme des déchets et suivre la même procédure d’élimination.
- La protection du corps
• utilisation des laines isolantes et de fibres de carbone : tenues de travail avec manches longues ajustées au cou, aux poignets et aux chevilles, bonnets ou casquettes et éventuellement survêtements légers.
• utilisation d’amiante et de FCR : combinaison de protection à capuche jetable à usage unique, étanche aux poussières, suffisamment ample, ajustée aux extrémités, c'est-à-dire fermées au cou, aux chevilles et aux poignets.
- La protection des mains et des yeux
Compte tenu des risques de dermatoses et d’allergies cutanées, le port des gants est recommandé en général et obligatoire dans les travaux aux émissions de fibres importantes.
Il en est de même pour le port de lunettes équipées de protections latérales. Le port de lentilles de contact est fortement déconseillé, car elles majorent le risque d’irritation oculaire par les fibres.
- La protection des voies respiratoires
Si la maîtrise des émissions de poussières de fibres lors des travaux est insuffisante, les travailleurs doivent porter des appareils de protection respiratoire de plus ou moins grande efficacité, voire des appareils avec adduction d'air pour les travaux avec des fibres cancérigènes et/ou exigeant un effort physique important lorsque les valeurs limites sont largement dépassées.
• utilisation des laines isolantes et de fibres de carbone : des masques anti-poussières fines de type FFP2, en papier ou cartonnés, légers, jetables, filtrant les particules mais de durée d’efficacité limitée à quelques heures peuvent convenir.
• utilisation d’amiante et de FCR : des demi-masques, avec cartouche filtrante, de type FFP3, prenant le nez et la bouche, doivent être utilisés pour se protéger des poussières en concentration importante. Un masque complet à adduction d’air (ventilation assistée) est indispensable pour les tâches particulièrement exposées, dans les conditions de travail exceptionnellement difficiles de démantèlement des fours industriels pour l'enlèvement des isolants usagés, de désamiantage... -
La formation à la sécurité
L’information et la formation des salariés sur les risques et les techniques sécuritaires (bonnes pratiques de nettoyage et de gestion des déchets, utilisation des appareils de protection respiratoire et autres EPI...) est absolument nécessaire pour diminuer de façon pérenne le niveau de criticité du travail exposant aux fibres. -
La surveillance médico-professionnelle
L’exposition aux fibres impose une surveillance périodique des travailleurs au moins une fois par an, instaurée par le médecin du travail, avec un suivi médical approprié. Chaque salarié exposé à des fibres cancérogènes doit faire l’objet d’une fiche d'exposition établie par l'employeur et bénéficier d’une surveillance médicale renforcée. A sa sortie de l’entreprise, il doit recevoir une attestation d’exposition qui lui permettra de continuer à se faire suivre médicalement.
Novembre 2011
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