Les piles et accumulateurs électriques sont des générateurs électrochimiques. Leur fabrication et leur utilisation massive et croissante (véhicules électriques, alimentations de secours ...) présentent des risques professionnels importants, du fait principalement des substances chimiques toxiques et corrosives (métaux lourds, acides, alcalis) que contiennent les piles et accumulateurs électriques, mais aussi à cause de leur poids dans le cas de la manipulation des batteries (assemblage d'accumulateurs) et des possibilités d’explosion, d’incendie et d’électrisation et d’électrocution (arc, choc)...
Les piles et accumulateurs électriques sont des générateurs électrochimiques. Leur fabrication et leur utilisation massive et croissante (véhicules électriques, alimentations de secours ...) présentent des risques professionnels importants, du fait principalement des substances chimiques toxiques et corrosives (métaux lourds, acides, alcalis) que contiennent les piles et accumulateurs électriques, mais aussi à cause de leur poids dans le cas de la manipulation des batteries (assemblage d'accumulateurs) et des possibilités d’explosion, d’incendie et d’électrisation et d’électrocution (arc, choc).
Cette large production et utilisation des piles, accumulateurs et batteries électriques nécessite, par des mesures de prévention appropriées, de réduire toutes les expositions pour diminuer fortement les risques professionnels associés : substitution des produits les plus nocifs, mise en place d’une organisation du travail adaptée (installations automatiques, machines fermées étanches), aménagement des postes et des lieux de travail (systèmes d’aspiration de poussières et de fumées, ventilation), locaux de charge de batteries réglementaires, équipements individuels de protection adéquats, respect des règles d’hygiène au travail, information et formation à la sécurité des opérateurs, surveillance médicale renforcée ...
Généralités sur le fonctionnement et les usages des piles et accumulateurs électriques
- Principe de fonctionnement des piles et accumulateurs électriques
Dans les piles et accumulateurs électriques, l’énergie électrique est obtenue par transformation directe d'énergie chimique : le principe tient essentiellement à la présence d’électrolyte (solution ionique ou gel, acide ou basique) dans lequel se trouvent les plaques (électrodes) positives et négatives de deux substances différentes, au sein duquel une réaction chimique d'oxydoréduction produit un courant continu d’électrons du réducteur vers l’oxydant : le courant est produit par la circulation d'électrons entre la plaque positive du générateur (ou cathode) composée d'un corps oxydant, capable d'attirer des électrons (réduction) et la plaque négative du générateur (ou anode) composée d'un corps réducteur, capable de céder des électrons (oxydation). L'électrolyte a pour fonction d'assurer la conduction ionique et un isolant poreux (ou séparateur, par exemple en fibre de verre) permet de séparer les deux plaques positives et négatives (électrodes) tout en autorisant le passage des ions.
Une pile électrique est utilisable une fois (générateur primaire), la réaction électrochimique est irréversible ; un accumulateur électrique au contraire peut régénérer plusieurs fois les substances chimiques (générateur secondaire) en le rechargeant grâce à un chargeur qui force les électrons à circuler en sens inverse, afin de reformer les produits consommés lors de la décharge.
Dans un accumulateur, les rôles des anodes et cathodes s'inversent selon que l'appareil se décharge ou se charge. Pour obtenir des tensions élevées, on associe en série des éléments : une batterie est une association de plusieurs éléments d'accumulateurs.
Selon les réactions électrochimiques utilisées, on distingue les couples «oxydant-réducteur» suivants :
- La pile saline sèche classique, fonctionnant par oxydoréduction entre le zinc et le dioxyde de manganèse, avec un électrolyte constitué dune pâte de chlorure de zinc et de chlorure d'ammonium.
- Les piles alcalines classiques emploient les mêmes réactifs que les piles salines, mais avec une réaction électrochimique qui a lieu dans un électrolyte basique (alcalin), soude ou potasse.
- Les piles au lithium (lithium-disulfure de fer, lithium-dioxyde de manganèse, lithium-chlorure de thionyle etc.).
- Les piles à l’oxyde d’argent-zinc.
- Les accumulateurs classiques aux plaques de plomb / dioxyde de plomb baignant dans une solution concentrée d’acide sulfurique.
- Les accumulateurs au nickel : nickel-cadmium, Ni-MH (nickel-métal hydrure), nickel-zinc.
- Les accumulateurs lithium ion, lithium ion polymère (Lipo), lithium métal polymère (LMP).
- Depuis 1998, les piles au mercure sont interdites en Europe (directive 98/101/CE)
- Etc. ... - Différentes formes et utilisations des piles et accumulateurs électriques
Aux différents types de piles et accumulateurs selon leurs technologies de production d’énergie électrique, s’ajoutent beaucoup de formats physiques : piles et accumulateurs « bâton », cylindriques ou parallélépipédiques, piles « bouton », batterie ouverte sèche ou humide, batterie étanche, batteries AGM et gélifiées ...
Les usages des piles et accumulateurs sont multiples et en croissance, en particulier avec les développements des utilisations portatives, des véhicules électriques et des installations photovoltaïques et informatiques :
- les piles rondes ou plates équipent les lampes et radios portatives, les calculettes, les jouets, ...
- les « piles boutons » sont employées dans les prothèses auditives, les montres, les appareils photographiques et autres matériels électroniques.
- Les accumulateurs pour les ordinateurs, téléphones, caméscopes et lecteurs portables.
- les batteries stationnaires fonctionnant à un emplacement fixe, reliées en permanence à une alimentation en courant continu, sont utilisées dans les alimentations et éclairages de secours notamment pour des systèmes informatiques ou de télécommunication.
- les batteries de traction fournissent l’énergie aux véhicules et engins électriques (chariots, automobiles, vélos ...).
- les batteries de démarrage d’un moteur thermique délivrent un courant élevé pendant une très courte période et sont rechargées par une dynamo ou un alternateur.
- les batteries solaires sont utilisées dans les installations solaires photovoltaïques.
Les principaux risques professionnels des piles et accumulateurs électriques
Les piles et accumulateurs sont des concentrés de substances chimiques toxiques et corrosives, à l’origine de risques cutanés et respiratoires : métaux et oxydes métalliques (plomb, zinc, mercure, lithium, manganèse, cadmium, nickel ...) pour les électrodes, acides et alcalis pour les solutions électrolytiques ...
Les batteries d’accumulateurs et leur manipulation entraînent des accidents tels que des brûlures chimiques dues à l’électrolyte, des décharges électriques ou des traumatismes liés au port de charges lourdes. De plus, des explosions sont possibles du fait de l’hydrogène et de l’oxygène qui se dégage pendant et après la charge de certaines batteries.
- Les risques chimiques des métaux et composés métalliques des piles et accumulateurs
Ces risques sont présents dans toutes les phases de fabrication et de recyclage des piles et accumulateurs électriques.
Les procédés de fabrication comportent plusieurs opérations de pesage, broyage, malaxage, pressage et séchage des produits, de nettoyage des installations ou le personnel peut être exposé à un risque d’inhalation de poussières nocives ou de contact cutané avec des substances corrosives ou allergisantes.
Les risques les plus graves causés par les métaux pour la santé dans la fabrication des piles et accumulateurs sont les expositions au plomb, au cadmium, au mercure et au dioxyde de manganèse.
D’autres métaux, comme le nickel, le lithium, l’argent, ... peuvent aussi présenter des risques.
- Le Plomb
La fabrication de l’oxyde de plomb, les opérations de coulée des grilles, la fabrication de la pâte, la formation, le découpage et l’assemblage des plaques des batteries, sont des opérations potentiellement très dangereuses : émissions de fumées de plomb, crasses chargées de poussières de plomb qui se forment à la surface des bains de fusion, projections de particules de plomb, déposées puis remises en suspension dans l’air, manutentions des plaques sèches et poussiéreuses.
L’absorption est surtout respiratoire, mais également digestive, par ingestion de particules.
Le danger existe donc avant tout lors du dégagement de fumées formées de particules d’oxyde de plomb ou de poussières contenant du plomb.
L'intoxication au plomb, ou saturnisme, est l'une des plus vieilles maladies professionnelles connues, répertoriée dans le tableau n°1 du Régime Général de la Sécurité sociale (Affections dues au plomb et à ses composés) et le Tableau n°18 du Régime Agricole (Maladies causées par le plomb et ses composés).
Les manifestations cliniques graves (coliques au plomb, paralysie des nerfs moteurs par névrite périphérique,...) ne s’observent plus dans les conditions de travail actuelles des pays développés.
Les effets du plomb sont ainsi devenus plus ténus, mais des pathologies dues à de plus faibles concentrations subsistent : la toxicité sanguine provoque des anémies, la toxicité neurologique provoque des neurasthénies, des anorexies et des troubles de la mémoire et de la concentration intellectuelle, la toxicité rénale des insuffisances d’élimination chroniques.
- Le Cadmium
Les principaux risques d’exposition au cadmium sont liés à la manutention de nitrate de cadmium et de sa solution pendant la préparation de la pâte à partir d’oxyde de cadmium pulvérulent, ainsi qu’à la manipulation des poudres actives sèches. La récupération du cadmium sur les plaques de rebut peut également entraîner une exposition.
Par irritation des voies respiratoires et rénales (néphrotoxicité), les effets pathologiques liés à l'oxyde de cadmium peuvent être graves : pneumopathies (emphysème ...), cancer pulmonaire, néphropathie irréversible pouvant évoluer vers une insuffisance rénale.
L'intoxication au cadmium est répertoriée dans le tableau n°61 du Régime Général de la Sécurité sociale (Maladies professionnelles provoquées par le cadmium et ses composés).
- Le Mercure
En cas d’utilisation de chlorure mercurique dans la pâte électrolytique, l’exposition peut s’effectuer par inhalation des vapeurs de mercure : le mercure est un puissant neurotoxique et reprotoxique car il peut s’accumuler toute la vie dans le cerveau et les glandes endocrines : il s’ensuit de nombreux troubles du système nerveux (perte des capacités mentales et cognitives, modifications des fonctions sensorielles de coordination,...). Le risque est particulièrement élevé quand l’exposition se produit sur le fœtus d’une opératrice enceinte. Le mercure est également toxique pour la reproduction chez l’homme et responsable de l’apparition de maladies auto-immunes (arthrite, lupus, sclérose en plaques).
- Le Nickel
Les effets cutanés allergiques du nickel sont très fréquents (dermatites de contact) et répertoriés dans le tableau n° 37 des maladies professionnelles : Affections cutanées causées par les oxydes et sels de nickel.
Le système respiratoire est la cible principale de la toxicité du nickel par inhalation induisant des irritations du nez, de la gorge et pouvant aboutir à une bronchite chronique ou de l’asthme.
- Le Chrome
Dans le cas de finition chromatée des les boîtiers, des expositions à l’acide chromique répandu lors des opérations de chromatage ainsi qu’aux fumées dégagées par le soudage ou par le chauffage du produit d’étanchéité sont possibles : si la concentration inhalée est élevée, cela peut entrainer des troubles respiratoires (asthme en particulier), des inflammations des muqueuses et des sinus.
- Le Manganèse
Les travailleurs peuvent être exposés au dioxyde de manganèse au cours du pesage, du chargement des malaxeurs, du broyage, du nettoyage des fours, du tamisage, ainsi que du pressage et de l’enveloppement.
Le manganèse est responsable par l'inhalation d'oxyde d’un syndrome pseudo-grippal (fièvre, mal de gorge, douleurs musculaires, transpiration) spontanément réversible sans séquelle.
Mais, des effets chroniques peuvent provoquer le manganisme, troubles du système nerveux central, syndromes neurologiques causées par le bioxyde de manganèse (encéphalopathie manganique).
Référencement maladie professionnelle : Tableau n° 39 : Maladies professionnelles engendrées par le bioxyde de manganèse. - Les risques chimiques des électrolytes des piles et accumulateurs
L’exposition aux solutions de chlorure de zinc, d’hydroxyde de potassium, d’hydroxyde de sodium ou d’hydroxyde de lithium, d’acide sulfurique, utilisées dans les électrolytes peut être à l’origine de graves brûlures par contact avec la peau, les yeux, les muqueuses. Les brouillards d’acide sulfurique au-dessus des bains de formation représentent aussi un risque respiratoire important et d’érosion dentaire.
Le risque chimique est présent aussi lors de l’exploitation des batteries au plomb et tient essentiellement à la présence dans l’électrolyte d’acide sulfurique très corrosif dans lequel baignent les plaques positives et négatives. - Autres risques chimiques des piles et accumulateurs
- Le dioxyde de soufre et le chlorure de thionyle employés dans certaines piles au lithium sont dangereux pour les voies respiratoires.
- De l’antimoine et de l’arsenic se trouvent souvent dans les alliages de plomb à l’état de traces. En cas de surcharge de la batterie notamment lors de l’utilisation d’un chargeur inadapté, du trihydrure d’antimoine (stibine) ou d’arsenic (arsine) peuvent se dégager : ces gaz sont très toxiques par inhalation par destruction des globules rouges (syndrome hémolytique). - Les risques physiques des piles et accumulateurs
La fabrication des piles et accumulateurs comporte également des risques physiques (bruit des machines, manutentions lourdes). - Les risques électriques des batteries d’accumulateurs
Les risques d’origine électrique provoqués par les batteries d’accumulateurs sont de deux types :
- les risques de choc électrique (électrisation, électrocution) provoqués essentiellement par un contact direct avec les bornes nues sous tension.
- les risques de brûlures provoquées par un court circuit (entre les deux bornes d’une batterie).
Ces accidents surviennent lorsque des objets métalliques (montres, bracelets, colliers ...) entrent en contact avec les bornes positive et négative de la batterie pendant la manipulation, ou lors de la chute d’un objet métallique (outils, ...) sur la batterie créant un court-circuit. - Les risques d’incendie et d’explosion des batteries d’accumulateurs
Au cours de la charge, quand certaines batteries approchent de leur état de charge maximale, des bulles d'hydrogène et d'oxygène se forment respectivement aux électrodes négative et positive, du fait de l’électrolyse de l’eau contenue dans l'électrolyte, ce qui peut, en contact avec l’air, créer une atmosphère explosive.
Ce risque est important pour des lots de batteries stationnaires fonctionnant à un emplacement fixe confiné, mal ventilé.
L’emballement thermique de certaines batteries (Lithium ion ...) qui apparaît lors d’échauffement excessif, peut entrainer des réactions chimiques exothermiques, qui risquent de produire aussi un incendie ou une explosion (et entraîner l’émission de fumées particulièrement toxiques et corrosives).
Les mesures préventives des risques des piles et accumulateurs électriques
Le process des fabriques industrielles de piles et accumulateurs est fortement mécanisé et modernisé : la prévention collective résulte alors de l’utilisation de systèmes de fabrication capotés et automatisés et de dispositifs mécaniques comme l’extraction de poussières qui permettent de réduire l’exposition des travailleurs et de diminuer considérablement les risques physiques, chimiques et d’explosion ou d’incendie. Le process en circuit totalement fermé minore aussi beaucoup les possibilités de sources d’exposition toxique, corrosive ou allergène. Toutefois, des incidents dans l’automatisation des opérations, des fuites, des dysfonctionnements des asservissements... génèrent des dangers et nécessitent également des interventions de maintenance qui restent dangereuses.
Par ailleurs, pour l’exploitation des batteries dans les secteurs des services, les pratiques sécuritaires doivent être mises en œuvre et maîtrisées, dans les locaux de charge des batteries et pour les opérations de maintenance.
Une batterie d’accumulateurs est un générateur dont la densité d’énergie peut être très élevée : une utilisation dans des conditions abusives peut libérer trop rapidement l’énergie stockée dans de grosses batteries et présenter un risque important qu’il convient de maîtriser en formant le personnel destiné à les utiliser ou à les entretenir.
Les ateliers utilisant des composés métalliques en fusion, poudres, solutions électrolytiques ... doivent faire l’objet d’une analyse poussée des risques pour permettre la rédaction du Document Unique de Sécurité (Décret du 5 novembre 2001) en appréciant à la fois l’environnement matériel et technique (outils, machines, produits utilisés) et l’efficacité des moyens de protection existants et de leur utilisation selon les postes de travail.
Les analyses de risques sont confiées à des spécialistes de la sécurité au travail (hygiéniste, ingénieur sécurité). Les rapports d’intervention et de maintenance seront aussi intégrés à la documentation de sécurité au travail de l’entreprise et communiquées au médecin du travail et au CHSCT.
Les salariés doivent être aussi informés à propos des produits dangereux mis en œuvre et formés aux pratiques professionnelles sécuritaires.
La prévention la plus efficace est la prévention primaire avec la mise en place de technologies qui permettent des actions sur les produits (suppression ou emploi de produits de substitution de moindre impact potentiel sur l'homme) et/ou des actions sur les procédés (emploi de matériels ou de machines supprimant ou limitant au maximum les impacts, par de très faibles rejets atmosphériques ...).
La prévention collective implique l’utilisation de systèmes de fabrication isolés et automatisés et de dispositifs mécaniques comme l’extraction de poussières et de fumées métalliques, un captage à la source, une ventilation générale des locaux efficace, qui permettent de réduire l’exposition des travailleurs par des mesures techniques visant à limiter l’inhalation de ces émanations, en particulier lorsque l’on ne peut pas remplacer des produits chimiques dangereux par d’autres pour des raisons techniques.
Enfin, le port d’équipement de protection individuel (combinaison, gants, lunettes de protection, masques respiratoires filtrants ...) est obligatoire pour réduire le risque d’exposition non totalement éliminé par les mesures de protection collectives, ainsi que la présence d’installations et de matériel de premier secours et des mesures individuelles d’hygiène empêchant l'ingestion de particules.
La surveillance médicale renforcée annuelle est obligatoire des travailleurs exposés aux métaux lourds pour contrôler régulièrement leur santé.
De manière aussi à ce que les salariés puissent être informés à propos des produits chimiques utilisés, les Fiches de Données de Sécurité (F.D.S.) doivent être mises à disposition et la connaissance de leurs risques expliquée au travers de la compréhension de l’étiquetage de leur emballage. Ce document renseigne sur la composition, les propriétés et surtout le mode d'utilisation. On y trouve également des données concernant les premiers soins, la toxicité et les précautions de manipulation.
- Une ventilation des lieux de fabrication adéquate
La ventilation et l’aération des lieux de travail jouent un rôle essentiel pour limiter la concentration de l'ensemble des poussières et fumées métalliques dans l'air ambiant et les évacuer des lieux de travail, de façon à respecter les valeurs limites fixées par les réglementations et éviter ainsi les conséquences sur la santé des travailleurs. On procède par ventilation générale des ateliers et par aspiration continue à la source aux postes de travail.
- La ventilation générale opère par dilution des polluants à l’aide d’un apport d’air neuf dans le local de travail de manière à diminuer les concentrations des substances toxiques pour les amener à des valeurs aussi faibles que possible et inférieures à la VME (valeur moyenne d'exposition).
La ventilation mécanique générale, extracteur d’air pour l’aspiration des fumées et poussières métalliques, doit assurer un renouvellement d'air en permanence afin de limiter les risques pour la santé, en évitant l’accumulation de substances nocives et explosives, par extraction et soufflage : l'air est transporté dans le local par un ventilateur de soufflage et extrait du local par un ventilateur d'évacuation. L’extraction de l'air se fait grâce à un système de collecte par ces ventilateurs et des gaines de diffusion, réseau de conduits jusqu'aux filtres et aux épurateurs dans l'installation d'air soufflé qui permettent de nettoyer l'air, puis de l’évacuer à l'extérieur par rejet dans l'atmosphère.
Les composants aérauliques comme les ventilateurs, les conduits doivent être accessibles et faciles d’entretien et de nettoyage. En particulier, les réseaux s’encrassent rapidement avec de filtres hors d’usage, une évacuation des condensats obstruée... L'entretien régulier du système de ventilation (nettoyage des conduits d'extraction, changement des filtres) est une condition indispensable de bon fonctionnement.
Ces dispositifs doivent être complétés par une aspiration avec extraction localisée des fumées et particules métalliques notamment aux postes de soudage ... avec filtres, épurateurs ou autres collecteurs de poussières : par exemple, torches, gabarits, tables, hottes ... aspirantes, cabines avec extraction par le haut ou par l’arrière. Les dispositifs de captage à la source consistent à capter les polluants au plus près possible de leur point d’émission, avant qu’ils ne pénètrent dans la zone des voies respiratoires des travailleurs et ne soient dispersés dans toute l’atmosphère du local. Les polluants ne sont pas dilués mais évacués.
- Il est important de choisir des ventilateurs de dimensions et de type appropriés afin d'assurer l'efficacité du système de ventilation. Les vitesses de l'air dans les canalisations doivent être choisies pour chaque équipement, car la vitesse de transport est un facteur essentiel pour les réseaux d'évacuation d’air contenant des poussières : elle doit être supérieure à une valeur minimale de façon à éviter une sédimentation des poussières et un bouchage des canalisations.
La ventilation générale des ateliers doit être déterminée en fonction des aspirations locales pour ne pas perturber l’efficacité des captages à la source. Le respect de l'équilibrage des réseaux est indispensable au bon fonctionnement de ces installations.
Pour mesurer l’efficacité des installations de ventilation, la mesure périodique des agents chimiques par prélèvements d'atmosphère et analyses des fumées et poussières est importante.
La valeur limite correspond à sa concentration dans l’atmosphère dans laquelle une personne peut travailler pendant un temps donné sans risque d’altération pour sa santé.
La Valeur Limite d’Exposition (VLE) est la concentration maximum à laquelle un travailleur peut être exposée au plus pendant 15 mn sans altérations physiologiques : ce critère a pour but d’éviter les effets immédiats sur l’organisme.
La Valeur Limite Moyenne d’exposition (VME) est la limite d’exposition d’un travailleur pour une exposition régulière de 8h par jour et de 40h par semaine : ce critère a pour objectif d’éviter les effets à long terme sur l’organisme.
Par exemple,
- la valeur limite moyenne d'exposition professionnelle au plomb sur 8 heures est de 0,1 mg/m3 (exprimée en plomb métallique). Une entreprise est soumise à la législation plomb si la concentration atmosphérique en plomb est supérieure à 0.05 mg/m3.
La norme EN 481 concerne l’échantillonnage de poussières ou d’aérosols sur les lieux de travail et donne les caractéristiques des instruments à utiliser pour déterminer les concentrations.
Les mesures et analyses peuvent être faites par l’employeur ou par un laboratoire extérieur et le respect des valeurs limites doit être vérifié au moins annuellement.
Si la valeur limite d’exposition est dépassée, cela permet d’imposer un arrêt temporaire d'activité pour remédier à la situation, puis il faut réaliser un nouveau contrôle sans délai.
Ces rapports d’analyses métrologiques, d’intervention et de maintenance seront intégrés à la documentation de sécurité au travail de l’entreprise (Document Unique de Sécurité). - L’utilisation de procédés adaptés
L'isolement des procédés et la réalisation les opérations en enceinte fermée (vase clos), le confinement total et la mécanisation de la manutention et du pesage des poudres, permettent de mettre les travailleurs à l'abri des fumées et poussières métalliques.
Le process des grandes usines est mécanisé et automatisé, ce qui réduit considérablement les risques : les travailleurs sont isolés dans des salles de contrôle ou des cabines pressurisées, climatisées et insonorisées. Toutefois, des incidents dans l’automatisation des opérations, des fuites, nécessitent des interventions de maintenance qui restent dangereuses. Par ailleurs, dans l’artisanat, les petites séries, les pratiques sécuritaires sont beaucoup moins mises en œuvre et maîtrisées. - Locaux de charge de batteries
Les batteries d'accumulateurs et les matériels associés qui alimentent des équipements sont installés dans un local de service électrique.
Les locaux de service électrique sont les locaux renfermant des matériels électriques et dont l'accès est réservé aux personnes qualifiées, chargées de l'entretien et de la surveillance des matériels (voir Article EL 8 de l’arrêté du 11 décembre 2009 - Batteries d'accumulateurs et matériels associés : chargeurs, onduleurs).
La réglementation relative aux atmosphères explosives (directives dites « ATEX ») impose, entre autres, à l’employeur de délimiter les zones à risque d’explosion de ses installations en fonction de la fréquence et de la durée de l’apparition d’atmosphères explosives.
Parmi les recommandations CNAMTS R466 « Prévention des risques liés aux batteries de traction et de servitude au plomb / acide », on note en particulier :
« La ventilation est le principal moyen d’empêcher la formation d’un mélange explosif. Afin de réduire au maximum la dispersion de l’hydrogène dans le local, il est souhaitable que l’aspiration de l’air s’effectue au plus près de la zone d’émission du gaz.
Lorsque techniquement le captage à la source n’est vraiment pas réalisable, la ventilation générale doit être présente en permanence dans le local pendant les périodes de charge. la ventilation générale naturelle n’est pas toujours une solution efficace et pérenne, aussi il est préconisé de mettre en place une ventilation mécanique. Un inter-verrouillage (asservissement) chargeur/ventilation est à installer (que l’on soit en présence d’un captage à la source ou d’une ventilation générale). Il assure que la mise sous tension de tout chargeur provoque la mise en marche de la ventilation et que l’interruption de la ventilation provoque l’arrêt de l’opération de charge. Il peut être envisagé que la ventilation soit complétée par un système de détection d’hydrogène. Un témoin lumineux placé à l’extérieur du local de charge signale tout dysfonctionnement de la ventilation et/ou du dispositif de captage. L’installation de ventilation doit faire l’objet de contrôles périodiques annuels.
Lorsqu’un local regroupant l’installation de charge est mis en place, il doit être exclusivement dédié à cette activité et suivre les caractéristiques de réaction et de résistance au feu minimales.
Le sol du local doit être étanche, incombustible et équipé de façon à pouvoir recueillir ou traiter facilement les produits (électrolytes, etc.) répandus accidentellement. Pour cela, un seuil surélevé par rapport au niveau du sol ou tout dispositif équivalent le sépare de l’extérieur ou d’autres locaux.
Une procédure d’autorisation de travail est à mettre en œuvre préalablement à tout travail à réaliser dans le local (en particulier la mise en place de permis de feu pour les travaux par points chauds). Pour les entreprises extérieures, celle-ci sera intégrée au plan de prévention. Les entreprises extérieures doivent être formées aux risques induits par les locaux de charge de batteries, en particulier au risque d’explosion. Elles doivent également être informées des zones à risques d’explosion et des matériels pouvant être utilisés dans celles-ci. ». - Des mesures d’hygiène
- Un nettoyage régulier permet de réduire les niveaux de poussières métalliques. Il convient de réaliser un nettoyage des lieux de travail avec les outils appropriés, avec des précautions pour éviter la dispersion des poussières lors du vidage des aspirateurs ou des conteneurs à déchets, du changement des filtres des dépoussiéreurs.
Les zones de travail doivent être nettoyées avec un chiffon humide ou un aspirateur à filtre absolu, jamais avec une soufflette ou un balai à sec, ni avec de l’air comprimé pour éliminer les poussières adhérentes.
Ces mesures d'hygiène concernent les sols et les plans de travail, mais aussi les murs et les plafonds.
- Des installations sanitaires (WC, lavabos, douches) doivent être mises à disposition des travailleurs, correctement équipées et en nombre suffisant, permettant aux travailleurs de se nettoyer fréquemment les mains et le visage à l'eau et au savon et de se laver en fin de poste pour limiter l’incrustation des particules dans la peau. En cas de forte contamination, les installations sanitaires doivent elles-mêmes faire l'objet d'un nettoyage méticuleux.
- Des douches oculaires portatives conçues pour fournir immédiatement le liquide de rinçage et des fontaines rince yeux/visage fixes doivent être disponibles.
- Des vestiaires appropriés doivent être mis à la disposition des travailleurs : l’entreposage des tenues de travail doit avoir lieu à l’abri de la poussière (le rangement des tenues de ville et des tenues de travail doit être séparé).
- La gestion et le nettoyage des vêtements de travail et autres équipements individuels de protection fournis aux travailleurs doivent être pris en charge par l’employeur.
- le respect des règles d’hygiène s’étend aux comportements individuels : ne pas manger sur le lieu de travail afin de ne pas ingérer par inadvertance un produit toxique. - Les équipements de protection individuelle
Le port d'équipement de protection individuelle (gants, tenue de travail...) est toujours indispensable car toutes les mesures de prévention collective ne permettent pas de supprimer totalement l'exposition. Quant à la protection respiratoire, le port d’un appareil respiratoire toujours gênant ne s’envisage que s’il persiste un risque d’exposition par inhalation, malgré la mise en place de la prévention collective ou bien dans les cas ou la protection individuelle est la seule possible, comme dans certaines opérations d’entretien, de maintenance ou d’intervention d’urgence, mais l'usage de masques respiratoires ne peut s'envisager que pour des manipulations ponctuelles de courte durée.
- des masques anti-poussières fines de type FFP2, en papier ou cartonnés, légers, jetables, filtrant les particules mais de durée d’efficacité limitée à quelques heures peuvent convenir pour des expositions faibles (ce qui est le cas le plus souvent si les mesures techniques sont mises en œuvre).
- des demi-masques, avec cartouche filtrante, de type FFP3, prenant le nez et la bouche, peuvent être utilisés pour se protéger des vapeurs, fumées et des poussières en concentration plus forte (nettoyage des fours, déversements importants ...).
Pour l’entretien et la manutention de batterie plomb/acide, les opérateurs doivent être équipés :
- de gants et de bottes résistants à l’acide sulfurique en fonction du risque de projection (ajout d’eau ou d’acide, nettoyage...),
- de vêtements de protection contre les produits chimiques ou d’un tablier de protection contre les produits chimiques,
- d’un écran facial ou de lunettes-masque. - La surveillance médicale des travailleurs
L’exposition aux métaux lourds impose une surveillance périodique des travailleurs au moins une fois par an, instaurée par le médecin du travail.
Pour les travailleurs exposés aux poussières de métaux lourds, il faut réaliser des visites médicales régulières dans le cadre d’une surveillance médicale renforcée : la périodicité du contrôle des expositions est alors fonction des niveaux mesurés.
- Tests respiratoires (spiromètre) à l’embauche pour détecter une déficience des fonctions pulmonaires et tous les 2 ans pour dépister l’apparition des troubles respiratoires.
- Radiographie thoracique si nécessaire, épreuves fonctionnelles respiratoires (EFR) conseillées : le salarié doit être soustrait au risque dès l’apparition de signes irritatifs.
- Analyses annuelles (plombémie, ...) dans le sang ou les urines.
- En cas d’imprégnation trop importante constatée au cours de cette analyse biologique, cela peut justifier une décision d’inaptitude temporaire ou définitive au vu de l’évolution des paramètres pathologiques constatés dans les contrôles antérieurs : le médecin du travail est habilité à proposer des mesures individuelles telles que mutations ou transformations de postes, justifiées par des considérations relatives à l'état de santé physique du travailleur. Le chef d'entreprise est tenu de prendre en considération ces propositions et, en cas de refus, de faire connaître les motifs qui s'opposent à ce qu'il y soit donné suite. En cas de difficulté ou de désaccord, la décision est prise par l'inspecteur du travail après avis du Médecin-Inspecteur du travail.
- Interdiction d'exposition des femmes enceintes ou des femmes allaitant à des travaux les exposant au plomb métallique ou à ses composés.
- La traçabilité aux expositions est réalisée au moyen de la rédaction d’une fiche d'exposition et d’une surveillance médicale régulière, à visée de dépistage, réalisées par le médecin du travail.
A sa sortie de l’entreprise, le travailleur exposé doit recevoir une attestation d’exposition qui lui permettra de continuer à se faire suivre médicalement.
- Le dossier médical doit stipuler la nature du travail effectué, la durée des périodes d'exposition et les résultats des examens médicaux. Ces informations sont indiquées dans l'attestation d'exposition et le dossier médical doit être conservé 40 ans après la cessation de l'exposition. - La formation et l’information du personnel
La formation, par un organisme agréé, sur les dangers des produits utilisés et sur les moyens de se protéger, est indispensable : par exemple, comprendre les étiquettes du contenant des produits, connaître l’attitude à adopter en cas de fuite ou de déversement accidentel, savoir utiliser les E.P.I adéquats, formation aux premiers secours et incendie...
Pour les interventions sur les batteries électriques, si la batterie a une tension inférieure ou égale à 60V, le travailleur doit être formé et procéder suivant un mode opératoire précis ayant pour objectif la prévention du risque de court circuit. Si la batterie à une tension supérieure à 60 V, le travailleur doit être habilité pour les travaux sous tension, conformément aux prescriptions réglementaires.
Mars 2015
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17/06/2020