Les herbicides (désherbants, débroussaillants) sont utilisés pour détruire les adventices (mauvaises herbes) qui étouffent les végétaux cultivés ou pour entretenir les voieries, les parcs et jardins. De nombreux travailleurs agricoles, jardiniers et agents d’entretien des espaces verts, des sites publics ou industriels, utilisent des herbicides de façon intensive et prolongée et leur usage ne cesse d'augmenter régulièrement or, cette utilisation des herbicides, fréquente et massive, présente des risques pour la santé des travailleurs exposés et pour l’environnement...
Les herbicides (désherbants, débroussaillants) sont utilisés pour détruire les adventices (mauvaises herbes) qui étouffent les végétaux cultivés ou pour entretenir les voieries, les parcs et jardins.
De nombreux travailleurs agricoles, jardiniers et agents d’entretien des espaces verts, des sites publics ou industriels, utilisent des herbicides de façon intensive et prolongée et leur usage ne cesse d'augmenter régulièrement.
Or, cette utilisation des herbicides, fréquente et massive, par épandage, saupoudrage ou pulvérisation, présente des risques pour la santé des travailleurs exposés et pour l’environnement (présence dans l’eau et l’air). Si les herbicides sont moins toxiques que les insecticides, les effets aigus et chroniques associés aux herbicides sont néanmoins souvent à la base de troubles cutanés, ophtalmologiques, digestifs et neuromusculaires et certains sont allergisants. De plus, plusieurs herbicides sont classés comme cancérogènes probables ou possibles et aussi comme perturbateurs endocriniens.
Comme pour toute activité susceptible de présenter un risque d'exposition à des agents chimiques dangereux, l'employeur doit procéder à une évaluation des risques encourus pour la sécurité et la santé des travailleurs, limiter l'usage des herbicides au strict nécessaire, adopter de bonnes pratiques et d’hygiène au travail, former ses salariés et mettre à leur disposition les équipements de protection individuelle adéquats (combinaison, gants, bottes, masque) pour éviter tout contact et inhalation d’herbicides.
Généralités sur les produits herbicides
- Les diverses utilisations des herbicides
Les produits désherbants et débroussaillants sont utilisés dans plusieurs domaines : la protection des cultures, l’entretien des voiries, jardins, parcs d’agrément et de sport, lignes ferroviaires et électriques, canaux, ... et pour débroussailler et dessoucher avant plantation ou préparation du site.
- Les utilisations spécifiques à l’agriculture, à l’horticulture et à l’arboriculture sont destinées à éliminer chimiquement les adventices (plantes herbacées ou ligneuses) qui nuisent à la croissance des plantes cultivées, en les privant d’espace, de lumière, de nutriments et d’eau pour se développer : le désherbage manuel ou sarclage mécaniques sont très souvent peu adaptés à la culture intensive pour des raisons économiques ou techniques (nature du terrain).
- L’entretien des espaces publics, privés ou industriels pour lutter contre l’envahissement d’une végétation indésirable : l’accroissement de la surface des jardins, cours et allées des propriétés privées ou publiques, des parcs, des pelouses des terrains de sport et parcours de golf, des aménagements routiers, ferroviaires, aéroportuaires, de la longueur des lignes électriques augmente le recours aux désherbants et débroussaillants ... - Les différents types d’herbicides
Sélectivité, migration (de contact ou systémique), pénétration (foliaire ou racinaire) dans la plante et rémanence caractérisent les différents types d’herbicides.
Les produits non sélectifs sont des désherbants totaux, les produits sélectifs détruisent seulement certaines « mauvaises » plantes.
Les produits de ces deux catégories peuvent être des herbicides de contact ou systémiques, et peuvent agir dans le sol au niveau des racines ou directement sur les feuilles.
Les herbicides de contact foliaires sont absorbés par les feuilles qu’ils « brulent », mais les racines peuvent ne pas être détruites.
Les herbicides systémiques foliaires sont véhiculés dans la plante par la sève après pénétration par les feuilles, et ils détruisent toute la plante y compris la racine.
Les herbicides systémiques racinaires sont absorbés par les racines ou (radicelles dans le cas des herbicides anti-germinatifs) puis migrent dans toute la plante.
Les herbicides se dégradent plus ou moins lentement dans les écosystèmes : une faible rémanence implique la répétition de traitements ; à l’inverse une forte rémanence génèrent des effets subsistant longtemps dans l’environnement (eau, sols, graisses animales, tissus végétaux) avec des bioaccumulations dangereuses pour tous les organismes vivants par l’intermédiaire des chaînes alimentaires. - Les modes d'action des herbicides
Il existe un très grand nombre de modes d'action et de molécules correspondantes, dont la perturbation de la photosynthèse, l’inhibition de la synthèse des pigments, de la cellulose, des lipides, des acides aminés, de la chlorophylle etc.
Les herbicides sont des mélanges qui contiennent une ou plusieurs substances actives et un diluant qui est une matière solide (talc, argile ...) ou un liquide (eau, solvant organique) et divers adjuvants (tensio-actifs, agents mouillants ...) qui améliorent leur efficacité, mais augmentent aussi souvent leur toxicité. Par exemple, le polyoxyéthylène amine (POEA) est un surfactant qui amplifie l'activité des herbicides pour améliorer la mouillabilité de la surface des plantes hydrophobes et la pénétration au travers de toute la surface des feuilles.
Les très nombreux principes actifs des herbicides (plus d’une centaine !) sont le plus souvent des substances chimiques synthétiques, issues de la chimie organique (hormis quelques herbicides minéraux par exemple à base de chlorate de sodium). On recense une vingtaine de familles chimiques, parmi lesquelles :
- les triazines (atrazine, simazine, desmétryne, prométryne, terbutryne ...).
- les urées substituées (linuron, diuron, monuron, isoproturon, chlortoluron ...).
- les dérivés de la glycine (glyphosate)
- les bipyridyles (paraquat, diquat, difenzoquat ...)
- les dinitroanilines (trifluraline ...)
- les imidazolinones (imazapyr ...)
- les sulfonylurées (nicosulfuron ...)
- les diphényls-éthers (aclonifen, nitroféne ...)
- les carbamates et thiocarbamates (barbane, butylate, chloroprophame ...)
- les chloroacétamides et acétamides (alachlore, s-metolachlore, napropamide ...)
- les phytohormones (Acide 2-4-dichlorophénoxyacétique ou 2-4 D, acide 2,4,5-trichlorophénoxyacétique ou 2-4-5-T, MCPA, mécoprop ou MCPP ...)
- Etc.
Les principales situations professionnelles à risques des herbicides
Les professions exposées sont très nombreuses et on estime qu’environ 800 000 professionnels sont concernés par les dangers des herbicides et la France se situent dans les premières places mondiales pour le tonnage d’herbicides utilisés :
- Les agriculteurs, horticulteurs, arboriculteurs, viticulteurs, maraichers, pépiniéristes
L’utilisation de désherbants, défanants et débroussaillants varie selon les productions agricoles et il est notamment fort en viticulture, en cultures céréalières, légumières et fruitières, caractérisées par l’intensité de l’utilisation des herbicides, avec de nombreux traitements tout au long de l’année.
L’exposition des agriculteurs aux traitements herbicides, lors de la préparation des bouillies, de l’épandage ou de la pulvérisation par jet (défaut d’étanchéité des combinaisons, particulièrement au niveau des poignets, et des cabines), du nettoyage du matériel de pulvérisation ou des équipements de protection, de la ré-entrée sur les sites agricoles, est génératrice de risques chimiques importants.
Toute opération de pulvérisation commence par la préparation des bouillies et le remplissage de l’appareil. Cela constitue des phases critiques car des produits toxiques très concentrés sont alors manipulés avec des risques importants pour l’opérateur et l’environnement.
Les opérations de vidange et de nettoyage des appareils entraînent des incidents difficiles à gérer sans danger (prise en masse des produits dans la cuve, déversement accidentel des fonds de cuve). - Les jardiniers des parcs, cimetières et jardins du secteur privé ou des collectivités territoriales, des terrains de sport ou de loisirs.
- Les agents d’entretien des voieries, des surfaces commerciales et industrielles, des voies ferrées et fluviales, des ports et aéroports, des lignes électriques, des caniveaux, des terrains vagues ...
Le risque de contamination direct correspond au risque du travailleur qui est exposé directement aux produits lors du traitement par épandage ou pulvérisation ou application de l’herbicide, mais aussi lors de la préparation du produit, du nettoyage et de la vidange de la cuve, de tout disfonctionnement du pulvérisateur (buses bouchées, rupture de tuyaux...).
Le risque de contamination indirecte correspond aussi à tout contact avec un élément pollué, tel que le matériel et l’emballage du produit herbicide, le végétal, le sol, les équipements, outils, engins et surfaces de travail, les vêtements.
La préparation des mélanges et l’application constitue les étapes les plus dangereuses de l’utilisation des herbicides, car le travailleur est exposé au concentré.
Les principaux risques chimiques des herbicides
Les risques de ces substances chimiques des herbicides pour la santé humaine sont importants et cela a été longtemps méconnu et/ou sous-estimé. Les herbicides comprennent une grande variété de composés chimiques dont la toxicité varie considérablement d’une substance à l’autre : cette toxicité est généralement plus faible que celle des insecticides. Toutefois, les herbicides sont très souvent à la base d’un certain nombre de troubles cutanéo-muqueux, ophtalmologiques. Mais aussi de troubles hépato-digestifs et de troubles neurologiques (maux de tête, nausées). En outre, parfois, ils peuvent être sources de cancers, de troubles endocriniens.
On distingue les effets aigus (dus à des concentrations élevées) et chroniques (dus à de faibles concentrations, mais à des expositions répétées). Les effets aigus s'observent lors de fuites, éclaboussures, aspersions, projections, suite à des rejets accidentels massifs d’herbicides sous forme de poussières ou de liquides toxiques.
Si pour la toxicité aigue, le rapport de causalité est clairement identifié, il n'en est pas de même pour la toxicité chronique qui est beaucoup plus malaisée à cerner avec précision.
Les herbicides sont toxiques par trois voies, orale (bouche, œsophage, appareil digestif), respiratoire (nez, trachée, poumons), cutanée (y compris les yeux et les muqueuses).
Les types d'intoxications qui en résultent sont de deux sortes :
- Intoxications aiguës : elles sont dues à une durée d'exposition courte, une absorption rapide du toxique et l'apparition rapide de symptômes. Ces intoxications sont généralement provoquées par l'absorption de produits liés à des maladresses ou des méprises, elles entraînent souvent des troubles importants, par exemple lors de l’inhalation massive de poussières, particules fines émises à la préparation du traitement et lors de la pulvérisation du brouillard de produit.
- Intoxications chroniques : elles sont dues à l'absorption progressive et répétée de petites quantités de produits qui vont s'accumuler dans l'organisme jusqu'à provoquer des atteintes plus ou moins graves. Au cours de l'exposition, l'opérateur ne ressent que des troubles mineurs (maux de têtes et nausées) lorsqu'ils sont décelés, mais à terme, des pathologies plus importantes peuvent apparaître. Certaines font l'objet de tableaux de maladies professionnelles du régime général ou agricole.
Les troubles de contact sont les plus fréquents :
- le contact cutané va provoquer des allergies et des troubles caustiques : dermites, ulcérations.
- le contact respiratoire est responsable de rhinites, d'asthmes professionnels.
- le contact digestif par ingestion accidentelle (mains ou aliments souillés) peut entraîner des troubles digestifs.
Les normes correspondant aux propriétés toxicologiques, écotoxicologiques ou environnementales évoluent en entrainant souvent le retrait de nombreuses molécules et, a contrario, plusieurs nouvelles molécules apparaissent annuellement sur le marché : les molécules identifiées indubitablement très toxiques, par exemple le paraquat, le nitroféne, le 2,4,5-T ou classés comme cancérogènes probables ou possibles (alachlore, atrazine) et également comme perturbateurs endocriniens (atrazine) ont été progressivement interdites de commercialisation.
Exemples de risques chimiques selon les produits herbicides :
Les produits bipyridyliques sont des ammoniums quaternaires, qui en cas de contact prolongé, sont caustiques pour la peau, les yeux et les muqueuses du fait de leurs propriétés également détergentes, tensio-actives qui détruisent le film lipidique protecteur cutané.
Irritations de la peau, des muqueuses et des yeux plus ou moins marquées : barbane, 2,4-D, diquat, linuron, monuron, MCPA, simazine, desmétryne, prométryne, trifluraline, chlorprophame ...
Troubles digestifs et hépatiques : 2,4-D, MCPA, diuron ...
Troubles neurologiques : 2,4-D
Le glyphosate, l’herbicide le plus utilisé, vient d’être classé par le CIRC comme cancérigène probable pour les lymphomes non hodgkiniens, une forme de cancer du sang, mais cet avis est encore très controversé et n’a pas donné lieu à une interdiction totale ou partielle.
Les mesures de prévention des risques professionnels des utilisateurs des herbicides
Comme pour toute activité susceptible de présenter un risque d'exposition à des agents chimiques dangereux, l'employeur doit procéder à une évaluation des risques encourus pour la sécurité et la santé des travailleurs. Cette évaluation doit être renouvelée périodiquement, notamment à l'occasion de toute modification importante ou avant une activité nouvelle.
Les résultats de l'évaluation des risques sont consignés dans le Document Unique de Sécurité (D.U.S).
L’évaluation du risque d’exposition pour les personnes manipulant les produits herbicides doit tenir compte de plusieurs facteurs, déterminant la gravité du risque :
- la voie d’exposition par contact direct ou par voie aéroportée,
- la forme de présentation du produit : produit concentré ou dilué, forme liquide ou solide ;
- les caractéristiques physico-chimiques du produit : par exemple la présence d’adjuvants (POEA ...)
- les conditions d’utilisation du produit : pulvérisation de liquides, épandage de granulés ...
L'étiquetage du produit et la fiche de données de sécurité sont obligatoires et permettent de repérer les principaux risques. En fonction des risques mentionnés sur l’étiquette, le port de certains types de protection peut s’avérer obligatoire. Il est essentiel de lire l’ensemble des indications reprises sur l’étiquette.
En supplément de l’étiquetage, tout employeur doit obtenir de son fournisseur une Fiche de Données de Sécurité (F.D.S) plus complète pour mieux mesurer les risques.
L'ensemble des produits doivent être en conformité avec plusieurs réglementations fondamentales qui sont matérialisés sur l'emballage et/ou sur les documents qui accompagnent ces produits, délivrées obligatoirement et gratuitement par le fournisseur.
C’est pourquoi, les produits herbicides doivent posséder leur Fiche de Données de Sécurité (FDS). Ce document renseigne sur la composition, les propriétés, les caractéristiques physico-chimiques et surtout le mode d'utilisation, comme la concentration des mélanges. On y trouve également des données concernant les premiers soins, la toxicité et les précautions de manipulation. L'ensemble de ces connaissances facilite la rédaction de la méthode d’utilisation pour optimiser l’efficacité du produit tout en minimisant les risques d’emploi. Ce document est remis au chef d'établissement qui le transmet au médecin du travail et doit être porté à la connaissance des responsables utilisateurs.
Les fiches de données de sécurité qui comportent plusieurs rubriques parmi lesquelles figurent les indications suivantes :
- identification du produit,
- propriétés physico-chimiques et toxicologiques,
- précautions de stockage, d'emploi et de manipulation et celles qui doivent être prises en cas d'élimination ou de destruction,
- mesures à prendre en cas d'incendie, de dispersion accidentelle,
- informations sur le transport ...
Chaque classe de danger sur l’étiquette de l’emballage est représentée par un symbole imprimé en noir sur fond jaune.
Ce symbole est accompagné de plusieurs mentions : le ou les nom(s) de la ou des substance(s) qui apporte(nt) le danger, un certain nombre de phrases R (phrases de risque) qui renseignent sur la nature exacte du danger, un certain nombre de phrases S (conseils de prudence) destinées à assurer l'utilisation du produit dans de bonnes conditions, le nom, l'adresse et le numéro de téléphone du fabricant.
Exemple : R36 "irritant pour le yeux", S37 "porter des gants appropriés"
Bien entendu, ce type de prévention ne se concrétise que par la formation et l’information du personnel, sur la nature des produits manipulés et de leurs effets néfastes potentiels, et sur la compréhension des étiquettes des emballages.
L’adoption de bonnes pratiques d’usage des produits herbicides est indispensable :
- Des réductions dans l’usage des herbicides sont possibles en résorbant les inefficacités des exploitations : il convient de limiter l'usage des phytosanitaires au strict nécessaire et d’optimiser les doses et nombres de traitement en fonction des critères météo, état sanitaire, stade de développement de la culture... Par ailleurs, la suppression ou la substitution des produits ou procédés dangereux par d’autres qui le sont moins est la mesure de prévention prioritaire qui s'impose.
- Des substitutions ou modifications dans l’usage des herbicides
L’entretien du sol peut se faire souvent par travail du sol mécanique, par application de paillis, par enherbement du rang entre les ceps ..., plutôt que par désherbage chimique. - Les mesures techniques de prévention collective indispensables sont les suivantes :
- Aménagement du local technique et de l’aire de préparation et de nettoyage des équipements de travail : ventilation efficace, séparation des produits en fonction des FDS...
- Bon réglage et entretien (buses bouchées...) des pulvérisateurs.
- Utiliser un bac étanche de récupération pour éviter les débordements lors de la préparation de la bouillie.
- Toujours bien refermer les bidons et autres conteneurs de produits chimiques et essuyer les liquides ou ramasser les granulés immédiatement après tout déversement.
- Stocker des herbicides présente des risques de chute ou de renversement d'emballage avec fuites ou déversements des produits. Toutes ces caractéristiques rendent nécessaire, outre les précautions lors de leur emploi, l’utilisation de contenants, d’armoires ou l’aménagement de locaux spécifiques de stockage, armoires avec étagères de rétention, matériels de stockage avec bacs rétention pour prévenir et maîtriser les fuites accidentelles de liquides.
- Cabines filtrantes et pressurisées climatisées, entretien scrupuleux des cabines (joints, vitres,...) pour assurer leur étanchéité.
- A la fin de la pulvérisation, rincer les buses au-dessus du champ pour éviter de ramener des restes de produit dans les locaux de l'exploitation.
- Tout retour d’eau de lavage polluée dans le réseau doit être impossible. Il est donc nécessaire d’installer un dispositif spécial (ex. : clapet anti-retour, disconnecteur...).
- Une bonne gestion des épandages permet de réduire les fonds de cuves.
- Réentrée dans les zones traitées (intervention sur culture après que cette dernière ait été traitée) : le respect des délais d’attente recommandés avant de pénétrer dans une enceinte où des herbicides ont été appliqués est impératif, ainsi que l’observation rigoureuse du mode d’emploi de ces produits. Des panneaux sécurité doivent être mis à l’entrée de la parcelle traitée pour indiquer qu’un traitement est en cours et le délai de réentrée, car les risques liés aux herbicides persistent après l’application des produits. - Une hygiène rigoureuse, en application phytosanitaire ou en réentrée, est indispensable : se laver les mains après chaque intervention, prendre une douche immédiatement après le traitement, remplacer tout vêtement souillé par des projections.
Les Equipements de Protection Individuelle de l’utilisateur de produits herbicides
L’équipement du travailleur qui doit appliquer un herbicide sert à le protéger d’un contact avec le produit.
L’exposition au produit peut se faire lors de la préparation (exemple : remplissage du pulvérisateur) ou durant le traitement. Même si le port de certains équipements peut être gênant, notamment par temps chaud, il est absolument indispensable de les utiliser.
L’objectif est d’éviter au maximum toute exposition cutanée, respiratoire ou digestive. Il est primordial que l’utilisateur connaisse les phases les plus à risque et porte une protection (gants, masque, combinaison) à ces moments clefs (préparation, nettoyage, incidents lors de la pulvérisation).
Les équipements de protection individuelle ne doivent pas sortir de l'entreprise. Il est important de rappeler que les vêtements de protection (bottes, combinaison, masque, gants) doivent être rangés en dehors du local de stockage des produits phytosanitaires afin d’éviter leur saturation par les éventuelles vapeurs toxiques pouvant être dégagées par les produits.
Les vêtements de travail et équipements de protection individuelle fournis et entretenus par l'employeur comportent : les combinaisons de protection, les masques avec filtre à gaz ou lunettes selon les cas, les gants, les bottes de sécurité ou de protection. L'employeur doit s'assurer que ces équipements de protection individuelle sont effectivement portés.
- La combinaison : Le port d’une combinaison (jetable ou durable) prévue pour les traitements phytosanitaires est essentiel. Pour une protection optimale, il convient de porter une combinaison imperméable (vêtements de type 3 Etanchéité aux projections de liquides ou de type 4 Etanchéité aux aérosols, aux pulvérisations) et munie d’un capuchon. Les salopettes en textile n'offrent qu'une protection limitée. Lors de l’habillage, la combinaison devra être portée de manière à recouvrir les gants et les bottes.
Pour entretenir une combinaison de traitement durable, il faut impérativement limiter le nombre de lavage en machine.
Pour ce faire, le vêtement encore porté doit être rincé à l'eau claire directement après traitement, puis seulement retiré et séché.
Quant à la combinaison jetable, d’usage plus fréquent en agriculture, elle doit être changée à temps, selon les prescriptions du fabricant. Les combinaisons jetables deviennent poreuses après une certaine durée, sans pour autant changer d’aspect. Elles sont perméables à l’air et réutilisables quelques fois si non déchirées. - Le masque et les lunettes : Le port de masque est nécessaire car certains produits plus volatiles sont fortement inhalés, de même lors de la manipulation de poudres. Il évite la pénétration par les voies respiratoires des gouttelettes et poussières de produits phytosanitaires. L’idéal est d’utiliser un masque avec une cartouche avec filtres combinés pour les solvants organiques et inorganiques ainsi que pour les poussières (poudres). Pour les produits phytosanitaires, l’utilisation d’un filtre à particules (P) additionné d’un filtre à charbon actif de catégorie A est suffisante et recommandée (cartouche du type A2P2). La cartouche accumule les substances actives jusqu’à saturation. La cartouche doit être changée dès que le travailleur commence à sentir l’odeur du produit malgré le port du masque. Un demi-masque suffit s'il est muni de filtres pour le gaz et la poussière et accompagné de lunettes : le port de lunettes permet de protéger l'applicateur contre les dégâts oculaires des éclaboussures de produits, certains produits phytosanitaires étant corrosifs ou irritants. Le remplacement du filtre doit être régulier. Les masques doivent être entretenus et nettoyés à l'eau savonneuse et rincés à l’eau claire. Pour les filtres, il est conseillé de les ôter après chaque utilisation et les fermer avec leur opercule. Ne pas les mouiller, ni les souffler (soufflette) : un filtre colmaté est un filtre à jeter, la force de l’air comprimé ne libère pas mais détruit les fines alvéoles du filtre, le rendant inefficace. Les essuyer avec un chiffon propre humide et les stocker dans une poche hermétique vidée d’air.
Les lunettes-masque doivent être conformes aux normes EN 166,168. - Les gants : le port de gants est absolument nécessaire. Imperméables aux produits chimiques, ils protègent les avant-bras. La pénétration cutanée des phytosanitaires est réduite de 90% par le port de gants adaptés résistants au risque chimique (sigle CE et symbole « éprouvette » selon la norme EN 374), en nitrile ou néoprène, en privilégiant l’étanchéité (gants couvrant les avant-bras) et le confort (souples, doublés d’un support textile).
Les gants en cuir, latex ou PVC sont à proscrire.
Il est impératif de ne jamais contaminer l’intérieur des gants. Beaucoup de cas d’exposition dermique sont la conséquence de contaminations internes de ces gants, quand l’utilisateur les enlève et les remet. Il est donc nécessaire de laver l’extérieur des gants à l'eau claire avant de les enlever. L'extérieur du gant sera ensuite séché puis aussi et surtout l'intérieur. Ne jamais réutiliser des gants craquelés ou déchirés.
La cuve lave-mains doit être considérée comme un complément au port des gants. Les mains doivent être lavées directement après la manipulation. - Les bottes de sécurité ou de protection : Le port de bottes ou bottines imperméables, réservées aux traitements phytosanitaires conformes aux normes CE EN345-346-347, marquage S5 ou P5 (Polymères naturels et synthétiques), est nécessaire. Les chaussures de travail en cuir ou les chaussures en toile ne sont pas imperméables et adaptées pour les traitements phytosanitaires.
La combinaison sera portée au-dessus des bottes et pas dans les bottes afin d'éviter la pénétration de liquide dans celles-ci.
La surveillance médicale de l’utilisateur de produits herbicides
La détection au plus tôt des irritations cutanées et l'intervention du médecin du travail permet l'identification des travailleurs prédisposés aux allergies professionnelles et le retirement de l'exposition afin de prévenir une maladie chronique due aux contacts des herbicides.
En cas d'une allergie aux herbicides, établie et invalidante, le changement de poste pour une éviction totale de l'allergène concerné peut être demandé par le médecin du travail, qui, conformément à l'article L241-10-1 du Code du Travail, est habilité à proposer des mesures individuelles telles que mutations ou transformations de postes, justifiées par des considérations relatives à l'état de santé physique des travailleurs qui ne correspondent plus au travail exigé.
La formation de l’utilisateur de produits herbicides
Le certificat professionnel individuel Certiphyto est obligatoire pour répandre des produits herbicides. Valable dix ans, il s'obtient au terme douze heures de formation réparties sur de deux jours. Ces formations sont effectuées par des organismes agréés dont les chambres d'agriculture et comprennent quatre modules : les effets des produits phytosanitaires sur la santé, sur l'environnement, les réglementations en la matière et le matériel dans lequel investir.
Le certificat Certiphyto est aussi obligatoirement présenté pour l’achat d’herbicides à usage professionnel.
Tous les usages professionnels de herbicides phytosanitaires sont concernés, qu’ils soient agricoles, forestiers ou non agricoles.
Le certificat individuel peut être obtenu soit par équivalence avec un diplôme délivré dans les 5 années précédentes, soit par une formation adaptée à chaque activité.
Juin 2015
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