La Commission Européenne (Eurostat) recueille des données statistiques sur la santé et la sécurité au travail par pays. La mise à disposition de ces données statistiques de Santé et Sécurité au Travail fournit aux décideurs un outil à la fois de diagnostic de la situation et de pilotage des actions futures d'amélioration ...
La Commission Européenne (Eurostat) recueille des données statistiques sur la santé et la sécurité au travail, qui permettent d'avoir une vue globale sur les accidents du travail et leur taux d'incidence, selon leur gravité, les secteurs d'activité, les pathologies et ceci par pays, ce qui permet des comparaisons sur l'efficacité des politiques des Etats et des entreprises en matière de prévention. La mise à disposition de ces données statistiques de Santé et Sécurité au Travail fournit aux décideurs un outil à la fois de diagnostic de la situation et de pilotage des actions futures d'amélioration : il est important de mesurer si les améliorations programmées sont effectivement atteintes et ce dispositif permet de rendre compte de l'avancement des actions et de leur efficacité. Ainsi, pendant la période 2002-2006, on a noté une baisse importante de 20% du nombre d'accidents du travail dans la Communauté Européenne et les objectifs pour la période 2007-2012 visent à les réduire à nouveau de 25 % dans les 27 pays de l'Union Européenne.
Ces statistiques permettent des études comparatives (benchmarking) lorsque les renseignements fournis sont fiables, normalisés et actualisés.
Définitions des indicateurs de santé et sécurité au travail retenus par Eurostat
La maitrise des risques professionnels dans une société implique la mise à disposition régulière d'indicateurs de Santé et Sécurité au Travail (SST) permettant de connaitre quantitativement l'importance des problèmes liés aux conditions de travail et aux expositions professionnelles.
La totalité des risques possibles rencontrés dans les établissements industriels, commerciaux, administratifs, dans les infrastructures routières, portuaires … ou dans les moyens de transport et les chantiers, est bien difficile à établir tant les situations sont diverses.
Toutefois, dresser un panorama général des situations à risques fréquemment rencontrées permet d'établir une check-list des bonnes questions à se poser et, par suite, des bonnes pratiques de prévention à mettre en œuvre.
Mais, les indicateurs chiffrés sont porteurs d'une autorité objective si leur définition est précise, claire, connue et diffusée, si leur méthode d'obtention est validée, respectée, régulière, et facile... Le statut d'indicateur SST exige que celui-ci soit homogène dans le temps, cohérent avec d'autres de manière à obtenir des ratios significatifs.
Issus des déclarations d'accidents du travail, le nombre d'accidents du travail est la valeur la plus facilement accessible. L'indice de fréquence (IF), nombre d'accidents avec arrêt ou mortel pour 100000 salariés est un ratio qui permet d'avoir une meilleure estimation relative de la situation relative à chaque pays.
Chaque pays de l'UE s'est engagé, dans le cadre de la directive 89/391/CEE de 1989 sur l'amélioration de la sécurité et de la santé au travail, à respecter le règlement No 1338/2008 relatif aux statistiques annuelles communautaires de la santé et de la sécurité au travail.
Les indicateurs sont déterminés sur une segmentation assez fine, pour être pertinents et permettre une action ciblée. Cette segmentation permet de prendre en compte les variabilités, car un même contexte de travail peut avoir des effets différents, et cela permet de détecter des groupes « à risques », méritant des mesures de prévention particulières.
Les données à fournir portent notamment sur le type de lésion, sa gravité (nombre de jours d'arrêt ou mortel), la tranche d'âge et le sexe du travailleur blessé, le secteur d'activité concerné et la taille de l'entreprise, conformément aux spécifications énoncées par la méthodologie SEAT (Statistiques Européennes sur les Accidents du Travail).
Remarque 1 : les accidents du travail recensés concernent ceux occasionnant un préjudice physique ou psychologique survenus au cours d'une activité professionnelle y compris lors de déplacements (mais hors le trajet domicile-travail) ayant entrainé un arrêt de plus de trois jours. Un accident est déclaré mortel si le décès survient dans l'année qui suit l'accident. Le taux d'incidence des accidents du travail est calculé par rapport aux personnes occupées.
Remarque 2 : Eurostat prépare une autre analyse statistique concernant les maladies professionnelles (Statistiques Européennes sur les Maladies Professionnelles SEMP).
Analyse des statistiques par pays
L'indice de fréquence des accidents mortels varie du simple au quadruple entre la Roumanie qui est le pays le plus accidentogène et la France qui est celui qui l'est le moins. Les pays de l'ex-Europe de l'Est ont encore de grands progrès à réaliser pour rattraper les performances des pays de l'Europe du Nord.
Les pays du Sud se trouvent proche de la moyenne.
A noter la remarquable performance française.
Source : Eurostat
Analyse des statistiques par sexe et tranche d'âge
Les accidents du travail sont beaucoup plus fréquents chez les hommes que chez les femmes, avec un ratio d'incidence plus de deux fois plus élevé (et trois fois en Allemagne).
La dangerosité des métiers plutôt exercés par les hommes expliquent en partie cette différence importante, mais l'attention plus grande portée à la prévention des risques par les femmes n'est certainement pas étrangère à cette grande disparité.
La fréquence et la gravité des accidents augmente sensiblement et régulièrement avec l'âge (baisse de la faculté de récupération de l'organisme), mais on assiste aussi à un déplacement des secteurs les plus à risque vers ceux où l'on retrouve beaucoup de jeunes travailleurs qui sont moins formés, moins expérimentés, avec notamment des emplois précaires (saisonniers, intérimaires…).
Analyse des statistiques par secteurs d'activité
En ce qui concerne les secteurs d'activité, on note que le secteur de la construction reste le plus accidentogène : c'est dans le bâtiment et les travaux publics (BTP) qu'on constate le plus d'accidents graves et que les taux de fréquence et de gravité sont les plus élevés.
Les travaux du BTP engendrent en effet de multiples risques professionnels avec des causes d'accidents nombreuses, liées manutentions de charges lourdes, aux travaux en hauteur sur des échafaudages ou échelles, à l'exposition aux intempéries (chaleur, froid, humidité), à la co-activité de plusieurs intervenants …entrainant une sinistralité professionnelle du métier supérieure à la moyenne des autres métiers, avec des accidents graves et parfois mortels plus fréquents. Le problème relatif à la sécurité du travail dans le BTP réside aussi dans le fait qu'il y a une multitude de petites entreprises dans lesquelles les bonnes pratiques de prévention doivent être diffusées.
C'est pourquoi notamment en France, pour limiter les risques dans le BTP, le législateur a prévu de rendre obligatoire l'intervention d'un coordonnateur Sécurité et Protection de la Santé SPS dans les chantiers importants ou travaillent plusieurs entreprises.
Le risque d'accident grave se multiplie considérablement quand le travail implique le contact avec des outils ou objets perforants, coupants, lourds, chauds ou avec des machines ou des substances (potentiellement) dangereuses, ou encore lorsque l'exercice de la profession exige de prendre des positions, notamment en surélévation, qui peuvent engendrer des chutes.
L'agriculture, les travaux forestiers et les industries extractives (mines, carrières) sont aussi des secteurs d'activité, relativement aux effectifs concernés, parmi les plus accidentogènes : il faut noter la-aussi qu'il s'agit de métiers s'exerçant à l' extérieur donc dans un environnement naturel peu maitrisable et éloignés des centres de secours, en terrain accidenté, utilisant des engins lourds, et principalement dans de petites ou moyennes entreprises.
Par ailleurs, le développement de l'externalisation des taches par les grandes entreprises génère une diffusion des risques dans les nombreuses PME sous-traitantes, notamment dans la maintenance et autres services aux industries : celles-ci n'ont pas les mêmes structures HSE et la même présence des instances représentatives du personnel pour organiser une prévention adaptée. Dans les grandes entreprises industrielles, l'exposition au risque est très fréquente mais les mesures de prévention sont efficaces et relativement respectées, alors que dans les PME, le risque est plus diffus mais parfois mal connu ou négligé et les mesures de prévention peuvent être insuffisantes.
Health
Health and safety at work
Figure 2: Fatal and serious accidents at work by economic activity, EU, 2008
(% of serious and fatal accidents)
Serious accidents (1)
|
Fatal accidents
|
||
All NACE activities
|
100.0
|
100.0
|
|
Construction
|
16.5
|
28.2
|
|
Manufacturing
|
25.5
|
18.1
|
|
Transportation and storage
|
8.4
|
15.8
|
|
Wholesale and retail trade
|
13.4
|
8.1
|
|
Agriculture, forestry and fishing
|
3.4
|
13.1
|
|
Human health and social work activities
|
7.6
|
0.6
|
|
Accommodation and food service activities
|
4.8
|
0.8
|
|
Public administration and defence
|
3.4
|
1.5
|
|
Water supply; sewerage, waste management
|
1.4
|
2.2
|
|
Mining and quarrying
|
0.5
|
2.5
|
|
Professional, scientific and technical activities
|
1.2
|
1.5
|
|
Education
|
1.8
|
0.4
|
|
Arts, entertainment and recreation
|
1.4
|
0.5
|
|
Other service activities
|
1.0
|
0.4
|
|
Information and communication
|
0.6
|
0.5
|
|
Financial and insurance activities
|
0.6
|
0.4
|
|
Electricity, gas, steam and air conditioning supply
|
0.3
|
0.7
|
|
Activities of extraterritorial organisations and bodies
|
0.0
|
0.2
|
|
Activities of households as employers
|
0.1
|
0.0
|
(1) Estimates made for the purpose of this publication including under-reported levels for Latvia, Poland and Romania, but excluding Greece and Northern Ireland.
Source: Eurostat
Analyse des statistiques par type de lésion
Les troubles musculo-squelettiques (TMS) représente le premier problème de santé au travail en Europe, et les conséquences néfastes du stress au travail sont en forte progression.
Les TMS sont des pathologies articulaires et tendineuses qui sont causées par la sollicitation des membres supérieurs et inférieurs et de la colonne vertébrale, au-delà des tolérances physiologiques. Ils sont le résultat de mauvaises prises en compte de l'ergonomie au poste de travail (postures contraignantes…), de manque de moyens de manutention appropriés, de gestes répétitifs, de vibrations des outils portatifs ou des machines et engins : ces risques peuvent être pourtant systématiquement réduits par l'adoption de mesures préventives pour la plupart faciles à mettre en œuvre.
On observe aussi que les problèmes de souffrance psychologique au travail apparaissent de plus en plus fréquents. A mesure de la tertiarisation de l'économie d'une part, et de la meilleure prise en compte de la pénibilité physique du travail par les progrès de la mécanisation d'autre part, des contraintes psychologiques se substituent progressivement aux astreintes physiques traditionnelles avec une hausse constante de la fréquence et de l'intensité des facteurs de stress.
Certaines méthodes de management utilisées provoquent des risques psychosociaux en augmentation.
De plus, la violence externe au travail, c'est-à-dire les agressions causées par des personnes extérieures à l'entreprise (client, élève …) constitue un risque important dans un nombre croissant de professions (entreprises de services, enseignement …) et induisent un stress important lors d'agressions régulières et répétées.
Enfin, le stress peut être provoqué par des comportements individuels pervers de responsables hiérarchiques ou de collègues, lié à du harcèlement moral ou sexuel : ces harcèlements au travail ont de tout temps existé largement, mais depuis quelques décennies, il n'est plus toléré et donc plus recensé, d'une part parce que la société est de plus en plus vigilante sur les atteintes à la dignité des personnes et d'autre part parce qu'il semble être encore plus répandu.
Health
Health and safety at work
Figure 3: Type of work-related health problem indicated as the most serious among persons with a work-related health problem, EU-27, 2007 (1)
(% of persons citing each complaint)
2007
|
||
Musculo-skeletal disorders
|
59.8
|
|
Stress, depression or anxiety
|
13.7
|
|
Cardiovascular disorders
|
5.9
|
|
Pulmonary disorders
|
5.1
|
|
Headache, eyestrain
|
4.3
|
|
Infectious diseases
|
2.5
|
|
Hearing disorders
|
1.4
|
|
Skin problems
|
1.3
|
|
Other types of complaint
|
6.0
|
(1) Excluding France (data are not comparable).
Source: Eurostat
Source : Eurostat
Octobre 2012
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29/04/2022